Clément Chéroux, “Vernaculaires : Essais d’histoire de la photographie “

L’anti-art de la photographie – la bonne photo bonne du photographe amateur

Clément Chéroux est historien de l’art et conservateur au Centre Georges Pompidou. Les livres de cet auteur sont toujours intéressants.

Le premier livre de lui que j’ai lu c’était : “Fautographie : Petite histoire de l’erreur photographique”, édité par “Yellow Now” en 2002, un petit bijou devenu introuvable. A ne pas confondre avec, par exemple, “Manuel de la photo ratée”, dont l’abordage est strictement technique photographique.

Je parle de cet autre livre puisqu’ils sont en rapport : les photos “vernaculaires” sont (définition sûrement imparfaite) toutes ces photos prises sans grande prétention, assez souvent par des amateurs, mais qui deviennent intéressantes, voire même une œuvre d’art : une certaine sorte d’erreur photographique. Ou alors, c’est la photo domestique, de l’amateur, celle qui n’est pas pratiquée par des “pros” de la photo : de l’anti-art. Et par ailleurs, certains morceaux du premier livre se trouvent insérés dans celui-ci.

Et puisqu’on ne peux “feuilleter” en ligne, ce livre contient une série d’essais indépendants les uns des autres, sur des sujets tels les photos de fêtes foraines, les trucages utilisés par les magiciens, les photos qui voulaient prouver la présence d’esprits, ou encore les reflets de vitrines et les amateurs versus les professionnels.

L’auteur écrit dans un style très accessible à ceux qui ne sont pas des professionnels de l’art, sans pour autant tomber dans vulgarisation. N’hésitez pas à vous intéresser à d’autres titres de cet auteur, si la photographie vous intéresse sous des aspects autres que “juste de la technique”.

Quatrième de couverture

Quoi de commun entre un photographe qui essaye de capturer des fantômes, un expérimentateur qui tente d’enregistrer ses pensées en disposant une plaque sensible sur son front, un opérateur de fête foraine, un prestidigitateur en chambre noire, de joyeux amateurs et quelques chasseurs de reflets ? Rien, si ce n’est leur appartenance à cette vaste catégorie photographique encore insuffisamment étudiée par les historiens du médium : celle du vernaculaire. La photographie vernaculaire est le plus souvent appliquée ou fonctionnelle, c’est-à-dire utilitaire. La famille est l’un de ses principaux lieux de production ou de circulation, elle est donc aussi domestique. Mais surtout, elle se situe hors de ce qui a été jugé le plus digne d’intérêt par les principales instances de légitimation culturelle. Elle se développe en périphérie de ce qui fait référence, compte et pèse dans la sphère artistique. Elle est l’autre de l’art. En historien consciencieux, mais non sans délectation, Clément Chéroux revient dans cet ouvrage sur quelques-unes de ces pratiques vernaculaires oubliées. Elles deviennent autant d’occasions d’interroger la photographie : faut-il (ou non) croire aux images, comment s’aveugler en les regardant, qu’est-ce qu’un amateur, quel est l’inconscient photographique du cinéma de Georges Méliès, les photographes forains ont-ils le pouvoir de changer la vie en changeant de décor, quelle était la véritable activité d’Eugène Atget ?