David Le Breton, “Anthropologie du corps et modernité”

Excellente synthèse sur “le corps”

Celui-ci est, disons, la clé de voûte. Je dirais qu’il ne s’agit pas d’une introduction, mais plutôt d’une synthèse. À ceux qui souhaitent aller plus loin, je recommande aussi la lecture de ses autres livres : Adieu au Corps, La Chair à Vif, Disparaître de Soi, Expériences de la douleur, Visages, … A commencer par celui-ci…

Ce livre traite de la partie physique de la dualité : corps versus la partie abstraite (esprit, âme, personne, …) et de leurs possibles rapports. On commence par l’art, religion, les expériences de dissection de Vesale, le point de vue de la médecine, et on fini par des thèmes tout à fait actuels, tels l’art contemporaine, les unités de réanimation et la limite entre la vie et la mort, l’absence du corps dans les rapports (virtuels) dans internet, la procréation assistée, les grossesses hors d’âge, la génétique, …

Une anecdote qui n’est pas mineure, ce livre m’a permis d’avoir un autre point de vue sur une affaire en cours, d’arrêt des soins d’un certain accidenté de la route dans le coma depuis des années. Il ne s’agit pas d’une dispute entre les deux parties de la famille avec deux avis opposés mais qui s’attachent toutes les deux à la personne. Il y a une troisième partie, la médecine dont l’avis ne tient compte que de la partie physique, le corps. Bien sur, cette affaire réelle n’est pas mentionnée dans le livre.

C’est un livre passionnant, même pour ceux qui ne sont pas des sociologues ou anthropologues.

Ceux qui cherchent une introduction à ce thème, il y a aussi “La sociologie du corps”, aussi de David Le Breton, ou encore “La philosophie du Corps” de Michela Marzano.

 Quatrième de couverture

« Nos sociétés font du corps une entreprise à gérer au mieux. Sa valeur intrinsèque tient au travail exercé à son propos. Il faut mériter sa forme et la plier à sa volonté. Dans un monde où règne la désorientation du sens, nombre d’acteurs trouvent prise sur leur existence à travers une discipline du corps. À défaut de contrôler sa vie, on contrôle au moins son corps. »

Publié pour la première fois en 1990, cet ouvrage est devenu au fil de cette décennie « l’un des analyseurs majeurs des sociétés contemporaines, un fin révélateur du statut de l’individu ». L’homme occidental se découvre un corps, lieu privilégié du bien-être, du bien-paraître, signe de l’individu et de sa différence. Mais ce corps est aussi un lieu de précarité, de vieillissement qu’il faut combattre pour conjurer la perte et tenter de maîtriser l’insaisissable. Deviendrait-il une structure encombrante dont il faudrait se défaire ?