Theodor W. Adorno & Max Horkheimer, “Vers un nouveau Manifeste”

Faut-il mettre à jour le Manifeste du Parti Communiste ? Ou l’oublier ?

Une conversation qui a eu lieu en 1956. Remettons nous à l’époque : Staline est mort depuis peu de temps. La révolution en Cuba n’a pas encore eu lieu. Le mur de Berlin est encore très loin de tomber. La guerre froide est encore à ses débuts.

Ce livre, sorti en 2020, semble être la première traduction en langue française, alors qu’il est sorti en Allemagne en 1966. Les traducteurs croient que c’est encore d’actualité ?

Les deux auteurs montrent leur divergence par rapport au communisme russe et semblent vouloir un retour aux valeurs de Marx.

Si j’essaye de m’imaginer à l’époque, 64 ans en arrière, je trouve un sens à ce dialogue mais aujourd’hui…

Avec le regard que j’ai aujourd’hui, je pense à ce que disait Raymond Aron dans  “L’opium des intellectuels” des ces idéologies. Un dialogue complètement déconnecté de la réalité, par rapport au prolétariat, au travail, les loisirs, les classes, etc…

Ce qui attire mon attention, et c’est pour cela que j’ai lu ce livre, est le fait que le centre des réflexions est encore et toujours le prolétariat, l’ouvrier, vraisemblablement avec le même profil de celui qui était exploité par le père de Engels dans ses usines textiles, plus d’un siècle auparavant. Comme si toute la société devrait être construite à partir de ce profil typique.

On ne voit, nulle part dans ce livre, parler des vrais exclus, des SDF, de ceux qui sont encore au dessous du niveau de vie des ouvriers de l’industrie. On parle de “théorie et pratique” dans un sens philosophique, de “travail” et de “loisirs“, mais je n’ai pas vu nulle part l’expression “justice sociale”.

Aussi, par le niveau très élevé du dialogue, on peut supposer que ces deux philosophes de l’École de Francfort sont, très probablement, très loin et déconnectés du monde prolétaire, ce qui n’était pas le cas de Marx et de Engels.

A mon avis, il peut exister un intérêt historique mais il n’y a plus de place pour le communisme, ce livre m’a convaincu encore plus. Même si la flamme est encore allumée chez certains, elle finira par s’éteindre. Il y a quelques idées à reprendre mais certainement pas le tout. C’est, à mon avis, le mieux qu’on peut souhaiter pour l’humanité.

Quatrième de couverture

Vers un nouveau manifeste montre Theodor Adorno et Max Horkheimer dans un échange d’idées unique, animé et fluide. Ce livre est un compte rendu de leurs discussions pendant trois semaines au printemps 1956, enregistrées en vue de la production d’une version contemporaine du Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels. Une jam-session philosophique au cours de laquelle les deux penseurs improvisent librement, souvent de manière sauvage, sur des thèmes centraux de leur travail – théorie et pratique, travail et loisirs, domination et liberté – dans un registre politique unique. Un exemple passionnant de philosophie en action et une carte convaincante d’un passage possible vers un nouveau monde.