François-Bernard Huyghe, “L’art de la guerre idéologique”

Superficiel et partisan, à mon avis

Le livre commence bien. Dans la table de matières on trouve les points que l’auteur (FBH) a estimé essentiels à traiter :

  • Qu’est-ce l’idéologie ?
    • La définir, l’abolir, la combattre, la démasquer;
  • Comment elle se propage ?
    • Par des stratégies, les intellectuels, l’influence sans frontières.

Alors ? Et bien, je me suis dit que nous sommes dans une époque très conflictuelle, avec des camps très polarisés. L’auteur a sûrement son camp. Et c’est normal !!! Mais est-ce que cela apparaît dans le texte et quid de son impartialité ?

Quelques prolégomènes…

FBH dit, d’entrée de jeu, qu’il se contentera juste du contexte français. Néanmoins, il mentionne très rapidement les cas Trump et Bolsonaro.

Une guerre idéologique est toujours et surtout une lutte pour le pouvoir : l’obtenir lors des élections, le garder ou renverser si le pouvoir est déjà en place. Dans le premier cas on trouve deux (ou plus) adversaires en position offensive et dans le deuxième cas un adversaire en position défensive et l’autre en position offensive  1.

Or, le pouvoir en place, en situation défensive, est dans une situation bien plus confortable que celui qui attaque. Et on voit cela très bien dans les joutes entre Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron. Dans cette joute on ne voit, dans la réalité, que la virulence de Mélenchon. La plupart du temps Emmanuel Macron ne se donne pas la peine de répondre. La virulence de Mélenchon, l’auteur passe en silence et le nom Mélenchon n’apparaît même pas dans le texte. Pourquoi ne pas la désigner clairement alors qu’elle est suffisamment forte ?

FBH parle, le plus souvent, de façon générique de la gauche et de la droite. Les quelques mentions nominales sont à Macron et Gilets Jaunes. Aussi, FBH parle de Macronisme alors que nulle part apparaît une expression semblable à Mélechonisme – je ne vois pas de raison pour que les idées de E. Macron puissent être classés comme une idéologie et pas celles de Mélenchon. Donc, “Macronisme” est, pour FBH, une idéologie  2.

Sur les Gilets Jaunes, bien, je ne pense pas qu’ils ont une idéologie. Ils se battaient pour des points spécifiques. La preuve même est que les deux mouvements extrêmes (Mélenchon et Marine Le Pen) ont essayé de les récupérer.

Dans d’autres parties du texte où les deux camps sont mentionnés de façon anonymes, une lecture attentive montre que FBH appuie plus souvent sur les armes de la droite que sur celles de gauche.

Sur le côté superficiel… je pense que FBH a juste égratigné le sujet. Si on veut aller plus loin, bien plus loin, je suggère ces trois livres (il y en a d’autres mais bon, ces trois, je les ai lu et je les recommande) :

  • Jean Segallia – Terrorisme intellectuel
  • Thierry Wolton – Le négationnisme de gauche
  • Mathieu Bock-Côté – L’empire du politiquement correct

Ce sont trois armes largement utilisées dans les guerres idéologiques. Dans ce livre, de ces trois, seule la première est vaguement mentionnée.

Si on enlève ces deux points, le contenu est assez intéressant même si parfois ennuyeux.

Quatrième de couverture

Pourquoi les convictions des “élites” ne séduisent-elles plus les masses ? Comment une guerre idéologique, que les libéraux avaient l’habitude de remporter, a finalement basculé ? En quoi les nouvelles technologies ont-elles été les premiers outils de ce renversement ?
Pour comprendre ce phénomène à l’oeuvre, François-Bernard Huyghe part d’un constat : la gestion économique de droite alliée à des références morales de gauche se heurtent au mécontentement populaire. Ce qui ne serait rien si ce couple ne menait à l’effondrement de la crédibilité des appareils politiques, culturels et médiatiques. C’est donc une “crise de la séduction” à laquelle nous assistons. Les promoteurs de “la société ouverte” ont accumulé des erreurs qui ont non seulement conduit à leur effacement, mais ont aussi détruit un logiciel idéologique qu’il leur faudra, à terme, renouveler.
Diagnostic lucide et sans concession, ce livre expose les moyens mis en oeuvre par les deux camps idéologiques pour imposer leur hégémonie.

  1. A noter que ces mots sont utilisés ici dans le sens contexte ou situation et pas dans le sens idée ou idéologie utilisé par l’auteur dans le texte []
  2. Selon FBH, un indice pour le nom d’une idéologie est le suffixe “isme”, mais aussi la première partie formée par le nom d’un penseur, politique ou prophète (page 19). []