Nathalie Heinich – Ce que le Militantisme fait à la Recherche

La pauvreté intellectuelle de la recherche française en sociologie

La première partie de ce livret parle de la fonction de chercheur ou enseignant universitaire.

Personne doute que nous avons tous une tendance politique ou idéologique particulière. Mais, pour un enseignant ou un chercheur, il y a des contraintes à respecter surtout dans le domaine des sciences humaines où le sujet d’étude nous touche personnellement.

Le but d’un enseignant n’est pas d’indiquer comment transformer le monde mais la transmission d’un savoir. C’est pour cela qu’il a été embauché et c’est pour cela qu’il est payé. Nathalie Heinich ne s’oppose pas à ce que les enseignants soient des militants, à condition que ceci s’arrête à la “porte des amphithéâtres”. L’enseignant doit transmettre le savoir sans jugement de valeurs. Cette discussion doit se faire en dehors des salles de cours, aux endroits adéquats : dans les médias, dans le Parlement, … L’enseignant doit se contenter de donner des informations objectives pour que les étudiants puissent, eux même choisir quel voit ils doivent prendre.

De même, la démarche d’un chercheur n’est pas de trouver les arguments a doit utiliser pour convaincre les autres de ses convictions mais de, en permanence, se remettre en question sur ses sujets de recherche et confirmer ou infirmer ses convictions. Ses publications scientifiques doivent refléter les résultats de ses réflexions, qu’elles soient conformes ou contraires à ses convictions.

Ce n’est pas facile, mais comme ça que l’on fait de la bonne recherche et que l’on forme des bons citoyens. C’est cela la pensée de Nathalie Heinich et c’est à cause des dérapages qu’elle constate dans les universités qu’elle s’insurge.

Dana la deuxième partie de ce tract, Nathalie Heinich revient avec des cas concrets qui démontrent la pauvreté intellectuelle de la recherche française en sociologie. On peut difficilement contester tout cela, sauf avec des arguments creux, comme c’est souvent le cas.

CE QUE LE MILITANTISME FAIT A LA RECHERCHE

Déficit de curiosité intellectuelle et de rigueur scientifique, radicalisme borné, lâcheté individuelle protégée par la meute, jouissance perverse du pouvoir exercé par la culpabilisation, par la menace ou par la force : voila donc quelques uns des effets du militantisme académique. Le monde universitaire que nous dessinent les nouveaux chantres de l’identitarisme et du communautarisme est un monde intellectuellement exsangue, obnubilé par le “genre”, la “race” ou la sexualité, appauvri de toute la richesse de nos ressources conceptuelles; et le monde social qu’ils tentent de construire est un monde relationnellement invivable, habité par la méchanceté, la hargne et le désir de vengeance.

Ce que le militantisme fait à la recherche, donc ? Il l’abêtit, il la dégrade, il la stérilise. Au lieu de lui permettre de s’élever au rang de science, il la rabaisse au niveau de idéologie.

Quatrième de couverture

“A cumuler la posture du chercheur qui étudie les phénomènes avec celle de l’acteur qui tente d’agir sur eux, on ne fait que de la recherche au rabais et de la politique de campus”.
Nathalie Heinich.

Nous pensions en avoir presque fini avec la contamination de la recherche par le militantisme.

Mais le monde académique que nous dessinent les nouveaux chantres de l’identitarisme communautarisme n’a rien à envier à celui que s’étaient jadis annexé les grandes idéologies. Nos “universitaires engagés”, trouvant sans doute que voter, manifester, militer dans une association ou un parti ne sont pas assez chics pour eux, tentent de reconquérir les amphithéâtres et leurs annexes. Obnubilés par le genre, la race et les discours de domination, ils appauvrissent l’Université de la variété de ses ressources conceptuelles.

Qu’il soit la source ou l’écho de cette nouvelle dérive, décrite ici dans toutes ses aberrations, le monde social que ces chercheurs-militants s’attachent à bâtir s’avère à bien des égards invivable, habité par la hargne et le désir insatiable de revanche.