Laurent Joly – Dénoncer les Juifs sous l’Occupation

Un travail de historien avec beaucoup de références et notes. Fait à partir des archives historiques – lettres de dénonciation, décisions de justice après la Libération, … Reconstitution de la structure administrative en rapport avec les dénonciation.

On apprend les profils des personnes en relation : les dénonciateurs et les dénoncés. Parmi les dénonciateurs, on retrouve l’image stéréotypée de la concierge, mais aussi beaucoup d’autres. Les dénonciateurs peuvent être des personnes juste antisémites, collaborateurs convaincus de faire leur devoir de dénoncer mais aussi des raisons sordides : jalousie, intérêt personnel, vol des biens des dénoncés, … Un cas assez dramatique, ou plutôt étonnant, est celui d’un médecin qui dénonce une femme juive avec qui son fils voulait se marier. Elle est déportée et lui s’engage dans la résistance, une forme de chercher la mort.

Les dénonciateurs ont été jugés lors de la Libération. La difficulté a été avec les lettres anonymes, la plupart. Beaucoup se sont, donc, échappés. Les peines ont varié entre quelques années de détention à la peine capitale, passant par des travaux forcés.

Finalement, le plus grave de cette facette de l’histoire est le côté sordide de la dénonciation. Complètement au contraire des Justes qui, eux, ont tout fait pour protéger les Juifs.

Comme le dit l’auteur, ce travail est une contribution encore incomplète, mais qui donne un contenu objectif et chiffré à ce que l’on savait déjà exister. D’autres contributions viendront sûrement.

Citations

Quatrième de couverture

Omniprésente dans l’imaginaire lié à la France des années noires, la délation contre les juifs n’avait pourtant jamais fait l’objet d’une enquête approfondie. L’ouvrage de Laurent Joly vient combler cette lacune.

Croisant approche institutionnelle et études de cas individuels, il examine tour à tour le rôle de la dénonciation dans les pratiques du commissariat général aux Questions juives, de la Gestapo, de la préfecture de police et du journal Au Pilori.

Ayant mis au jour les archives judiciaires concernant les quelque 240 Parisiens jugés, après la guerre, pour dénonciation de juifs sous l’Occupation, Laurent Joly interroge la figure du délateur, décrypte sa mentalité, ses mobiles, ses justifications.

A partir de correspondances privées inédites, il fait également revivre le destin de victimes, telle Annette Zelman, dénoncée à la Gestapo par les parents de son fiancé non juif et déportée en juin 1942.

Tout un pan de la vie et de la persécution des juifs à Paris est ainsi ressuscité : des contextes sociaux conflictuels, des stratégies de sauvetage anéanties, des vengeances sordides se donnant libre cours jusqu’aux dernières heures de l’Occupation;

La délation contre les juifs n’est pas ce phénomène de asse que l’on imagine communément. Instrument de la politique génocidaire des nazis, elle n’en a pas moins provoqué la mort de plusieurs milliers de femmes, hommes et enfants.

Laurent Joly, directeur de recherche au CNRS (centre de recherches historiques EHEDD) est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’extrême droite française et la persécution des juifs sous l’Occupation.