Eric Lysoe – La dimension Heisenberg

Ce livre est partie d’une très bonne idĂ©e : les nazis ont trouvĂ© un moyen d’utiliser un monde parallèle en plus du monde rĂ©el. Dans ce monde parallèle ils ont construit un prototype de ce qui serait le centre de recherche et de fabrication des fusĂ©es V1 et V2.

Pas rĂ©aliste bien sĂ»r, mais c’est de la science fiction et c’est un bon dĂ©part.

Ce livre plaira certainement Ă  beaucoup de lecteurs, mais le scientifique pointilleux et chiant que je suis n’a pas trouvĂ© le plaisir de lecture attendu. Cette lecture a Ă©tĂ© un vrai martyre.

Ça se passe en 1941, et ça commence par une rencontre entre le physicien nazi Werner Heisenberg et le danois Niels Bohr. Cette rencontre a effectivement eu lieu et, pendant un certain temps il y a une controverse sur l’objet de la rencontre. Cette rencontre est dĂ©crite dans le livre « Les savants d’Hitler », de John Cornwell.

Donc, lors de cette rencontre, Heisenberg explique Ă  Niels Bohr comment se rendre dans cet univers parallèle et Niels Bohr rĂ©cupère un objet, un tesseract, permettant sous certaines conditions de passer vers l’autre monde. Niels Bohr va juste expĂ©rimenter voir s’ouvrir le passage vers l’autre monde et observer une confĂ©rence donnĂ©e par un autre scientifique nazie de l’Ă©poque : Wernher Von Braun. Puis demande Ă  son majordome de jeter l’objet Ă  la poubelle.

Le majordome de Niels Bohr le rĂ©cupère et, voulant conquĂ©rir la nouvelle gouvernante de Niels Bohr, une belle italienne, il dĂ©cide de traverser la barrière pour rĂ©cupĂ©rer le fiancĂ© de cette dernière, un juif italien qui, partant vers les États Unis aurait pu se trouver dans cet univers parallèle (La Dimension Heisenberg). Comme quoi, on ajoute un deuxième univers au notre, et le monde devient plus petit…

En passant vers l’autre monde, il se mue dans le corps d’un scientifique nazi, officier SS, tout en gardant sa personnalitĂ© de majordome, juif en plus. Et petit Ă  petit, la personnalitĂ© de l’officier nazi prend possession de lui. On oscille entre la science fiction et les phĂ©nomènes paranormaux.

Sans parler de la vitesse Ă©poustouflante avec laquelle notre majordome, qui n’Ă©tait pas encore possĂ©dĂ© par le scientifique nazi, est devenu un expert en physique quantique. Wow !!!

SacrĂ© coĂŻncidence, parmi les dizaines de milliers de personnes prĂ©sents dans le campus parallèle, celui qu’il doit sauver est justement un de ses trois collaborateurs.

Assez rapidement, de la mission de sauvetage du fiancĂ©, notre vaillant majordome arbore un plan pour la destruction du campus Dora de l’univers parallèle.

IntĂ©ressant que son esclave juive fait partie d’un rĂ©seau de partisans qui se communiquent par un petit appareil terminal. Or, le composant Ă©lectronique dit transistor n’a pas Ă©tĂ© inventĂ© qu’en 1947 et les premières applications ne sont apparues que dans les annĂ©es 50. Donc, avant le transistor, tout Ă©quipement Ă©lectronique fonctionnait avec des tubes, et donc, grand volume. Pas grave puisque c’est de la science fiction. Par contre, Ă©tonnant de voir ça alors que le livre ne mentionne aucun autre appareil Ă©lectronique avec un avance technologique similaire, Ă  l’exception d’un train qui pourrait ressembler Ă  notre TGV.

Après… parlons des ĂŞtres Ă©lectriques de lumière… Ça m’a fait penser aux aliens de « Perdus dans l’Espace », une sĂ©rie des annĂ©es 60 avec la famille Robinson et le mĂ©chant docteur Zachary Smith.

Dans le chapitre 36, « MathĂ©matiques Ă©lĂ©mentaires », il dĂ©crit comment ses grands savants en physique quantique calculent le volume de verre dans un coffret de verre. Donc, prend l’Ă©paisseur du verre (0,7 cm) et l’on multiplie par par la surface de chaque face : 6 fois 13 cm. Ce qui donne 709,8 cm3. Pour des savants, ceci est digne d’une « Perle du bac », puisque dans ce cas, il aura compte deux fois le volume de chaque arĂŞte du cube. La façon correcte, et mĂŞme plus simple, serait de calculer le volume du extĂ©rieur (13x13x13 : 2197 cm3) et dĂ©duire le volume du cube formĂ© par la cavitĂ© (11,6×11,6×11,6 : 1560,9 cm3), ce qui fait 636,1 cm3. L’auteur n’avait pas besoin de faire ce calcul, mais vu qu’il a voulu le faire, il aurait fallu le faire correctement.

Un matheux pointilleux ne raterait pas cette bourde. Ce qui est pire est que dĂ©tailler ce calcul n’apporte rien Ă  la trame. Ça ne fait qu’ajouter des lignes inutiles Ă  une lecture dĂ©jĂ  pĂ©nible. Un manque de respect envers des lecteurs un peu plus douĂ©s en maths.

Après, il y a des choses qui traĂ®nent en longueur, sans que cela soit utile ou en vrai rapport avec l’intrigue, et la lecture devient une torture.

En ce qui concerne le volet « psychologique » dont on parle dans la quatrième de couverture, il y a des scènes de très grande violence mais qui, à mon avis, relèvent de la psychopathologie très lourde, voir criminelle.

C’est vraiment dommage puisque l’idĂ©e de dĂ©part est très intĂ©ressante mais la rĂ©alisation l’a complètement gâchĂ©e.

Citations

(p. 7 citation)

Je n’ajouterai rien Ă  la rĂ©putation de Pablo Casals en tant que grand artiste. Elle fait unanimitĂ© parmi les experts. Mais ce que j’admire particulièrement chez lui, c’est sa force de caractère et son attitude non seulement Ă  l’encontre des oppresseurs de son peuple, mais aussi Ă  l’encontre de ces nombreux opportunistes qu’on voit toujours prĂŞts Ă  pactiser avec le diable. Il a clairement dĂ©montrĂ© que le monde est plus menacĂ© par ceux qui tolèrent ou qui soutiennent le mal que par les malfaiteurs eux-mĂŞmes

Albert Einstein, Princeton, 30 mars 1953

(p. 13)

Ah : lui faire revivre l’espèce de coup de foudre qui l’avait saisie face Ă  ce spectacle de la violence animale : Savez-vous que le rĂ©flexe de mordre, de dĂ©vorer son partenaire, propre Ă  certaines bĂŞtes, s’est Ă©dulcorĂ© chez l’homme sous la forme du baiser ?

(p.303)

Le temps passe sur chaque chose et la rend moins importante, moins nĂ©cessaire Ă  l’existence du marin ou Ă  celle du simple voyageur. Qui se soucie Ă  prĂ©sent de cette pauvre Ă©toile ? Mais regarde celle-lĂ …

Quatrième de couverture

Qui peut se targuer d’ĂŞtre vraiment libre ?

ConfrontĂ©s malgrĂ© nous Ă  une situation historique particulière, nous subissons l’influence des autres et la pression de nos traumatismes. Nous rĂ©sistons en vain Ă  l’apparente dualitĂ© d’un monde qui nous impose de choisir un camp, et nos vies entrent si vivement en collision avec celles des autres que nous risquons Ă  chaque instant de nous perdre.

La Dimension Heisenberg est une fiction historique sombre, qui s’ouvre sur la rencontre~–~bien rĂ©elle~–~entre Niels Bohr et Werner Heisenberg en septembre 1941. Ce roman mĂŞle fantastique et science-fiction pour mettre en lumière les mĂ©canismes Ă©laborĂ©s par les individus dans l’espoir d’Ă©chapper Ă  la violence.

Plongez dans un espace-temps inconnu organisĂ© autour des recherches scientifiques nazies, un monde de faux-semblants oĂą nul n’est ce qu’il prĂ©tend ĂŞtre. Une seule solution pour parvenir Ă  se retrouver : laisser tomber les masques un Ă  un et rassembler tout son courage pour briser ses chaĂ®nes.