Annette Wieviorka – Le procès de Nuremberg

Il y a nombreux livres sur le procès de Nuremberg, le premier grand procès où ont été jugés les grands dignitaires nazis. Celui-ci fait partie des meilleurs résumés du procès. On ne pourrait pas espérer moins de Annette Wieviorka.

Dès le début 1942 les alliés envisageaient déjà un procès à la fin de la guerre pour punir les responsables au cas où, bien sûr, l’Allemagne serait vaincue.

Puis l’Allemagne a été vaincue. Commencent les tractations sur le contenu du procès les accusations, les inculpés et l’endroit du procès. De ces tractations ont fait partie les quatre vainqueurs : États Unis, Angleterre, France et Russie. De ces quatre pays, seules la France et la Russie ont eu la guerre dans ses frontières.

Beaucoup de discussions jusqu’à arriver à un accord. Pour la liste d’accusés, quelques noms inconditionnels puis chaque pays a rajouté quelques noms. Le choix le plus complexe, puisque philosophique et de droit, a concerné les accusations, qui devaient être, autant que possible, cohérentes avec les règles de droit déjà existantes. Finalement, le choix s’est porté sur quatre : plan concerté ou complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et génocide (crimes contre l’humanité).

Annette Wieviorka décrit ces tractations puis le déroulement du procès, puis un chapitre pour chaque accusation, reprenant les points les plus importants.

Quelques découvertes intéressantes au cours du procès, lors des dépositions des témoins. La plus importante a sûrement été l’existence d’un certain Adolf Eichmann et de son rôle dans la “solution finale de la question juive”.

Un autre point intéressant a été la discussion sur le massacre de Katyn, où 15.000 officiers polonais ont été assassinés. À l’époque les Allemands et les Russes s’accusaient mutuellement. Sans preuves, ce point a été sorti de la discussion. Ce n’est qu’en 1990 que Mikhaïl Gorbatchev avoue la responsabilité de la Russie dans ce massacre.

L’héritage le plus important de ce procès est, me semble-t’il, la première définition de Génocide et Crime contre l’humanité.

C’est un livre très bien écrit, comme la plupart de ceux de cet auteur.

Citations

(p. 305)

“Nous entendions prononcer une damnation éternelle contre la mémoire du nazisme et des diaboliques humains qui l’avaient incarnée. À cette différence près que, pour nous, le souvenir des hommes et des crimes devait être, pour cette malédiction, non pas anéanti mais, bien au contraire minutieusement conservé”.

Edgar Faure

Quatrième de couverture

Allemagne, octobre 1945. Les puissances victorieuses de la Seconde Guerre mondiale s’apprêtent à juger les crimes commis par les nazis. Durant un an défileront devant une cour internationale des responsables de l’Allemagne hitlérienne, sous les yeux attentifs de la presse du monde entier. S’appuyant sur de nombreux documents et témoignages consignés au moment du procès, Annette Wieviorka présente une vision d’ensemble de cet événement majeur du XXe siècle, depuis sa genèse – problématique – jusqu’aux répercussions considérables qu’il eut sur la conception d’une justice internationale.

Annette Wieviorka, historienne, directrice de recherche au CNRS, fut membre de la Mission d’étude sur la spoliation des biens des Juifs de France. Elle est l’auteur de nombreux ouvrages, notamment Auschwitz, soixante ans après et Déportation et génocide~: entre la mémoire et l’oubli. Elle a codirigé aux éditions Liana Levi les ouvrages Les juifs de France et Mille ans de cultures ashkénazes.