Gad Saad – Les nouveaux virus de la pensée : Wokisme, cancel culture, … et autres idéologies qui tuent le bon sens

L’auteur est un professeur en sciences du comportement à l’Université Concordia, à Montréal et conférencier. Il maintien aussi une chaîne sur YouTube “The Saad Truth”. Juif d’origine libanaise, il a du fuir le Liban avec sa famille lors de la guerre de 1975.

Comme beaucoup dans les universités américaines et canadiennes, il soufre du manque de liberté d’expression imposée par les communautés dites “woke”, c’est à dire, on ne peut rien dire qui puisse même de façon lointaine aller contre leur militantisme. Les conséquences peuvent aller de l’isolement du “transgresseur”, passant pas l’annulation d’événements culturels contraires à leurs idéologies et allant jusqu’au licenciement du “transgresseur”.

Ce phénomène est vue par l’auteur comme la propagation d’un virus lors d’une épidémie. Il y a eu Wuhan pour le Coronavirus. Pour ces “virus de la pensée”, c’est incroyable, mais la source ce sont les universités.

L’auteur ne partage pas les avis des “porteurs malades de ces virus de la pensée”, et moi non plus, mais ce qui l’agace le plus et qu’il dénonce dans ce livre, sont deux points :

* Le totalitarisme interdisant la liberté de pensée et d’expression. Il cite, entre autres choses, plusieurs cas d’enseignants des universités américaines qui ont été licenciés ou qui ont été obligés de s’excuser platement suite à des mots mal choisis. Ou alors des événements déprogrammés ou interdits suite à l’intervention des activistes.

* le deuxième point et c’est sûrement un des plus graves, c’est que cela se passe dans des universités, des endroits où la liberté de pensée et de discussion devrait être totale, sans aucun entrave. Il dénonce les universités qui sont en train d’abêtir les étudiants, leur imposant une pensée unique.

On voit apparaître ce phénomène aussi dans les universités françaises. L’exemple éclatant est l’annulation de la conférence de Sylviane Agacinski à l’Université de Bordeaux Montaigne (voir Université Bordeaux Montaigne – Annulation de Conférence).

J’ajoute un autre problème avec ce type d’activisme dont parle l’auteur. Ce point est parfaitement décrit par une phrase du philosophe Mario Sérgio Cortella : “L’exagération des arguments fini par tuer la cause”.

Ce livre est très bien écrit, avec des arguments très solides, la lecture est facile, et agréable par quelques pointes d’humour décapant. Ce qui m’a plu un peu moins c’est l’utilisation fréquente de la première personne : je fais ceci, mon ami Untel, … mais bon… pas très grave.

Citations

(p. 50)

Dans son livre, Thinking Fast and Slow, Le prix Nobel Daniel Kahneman a soutenu que les humains sont dotés de deux systèmes de pensée : le système 1, composé de processus rapides, intuitifs, automatiques, inconscients, émotionnels et instinctifs; et le système 2 constitué de processus lents, délibérés, analytiques, logiques et conscients. Il n’est guère surprenant que les humains soient dotés d’un large éventail de stratégies cognitives et affectives pour prendre des décisions. Il n’est pas non plus surprenant que les gens soient différents selon qu’ils se fient à leurs sentiments ou à leur réflexion lors qu’ils font des choix. Le problème survient lorsque les domaines qui devraient être réservés à l’intellect sont détournés par les sentiments. C’est précisément ce qui sévit dans nos universités : ce qui était autrefois des centres de développement intellectuel est devenu aujourd’hui un refuge pour des personnes émotionnellement fragiles. Le mot d’ordre de l’université n’est plus la quête de savoirs, mais le ménagement des sensibilités des “sentiments blessés”.

(p.104)

Les postmodernes, tels que Jacques Derrida, Jacques Lacan et Michel Foucault ont percé dans le milieu universitaire en s’appuyant sur le principe que si une chose est incompréhensible, c’est qu’elle doit avoir certainement une profondeur. Foucault a d’ailleurs confessé l”existence de cette fausse profondeur : “En France, il faut dix pour cent incompréhension, sinon les gens estiment que ce n’est pas assez profond – ils penseront que vous n’êtes pas assez érudit”. Malgré cet aveu, Foucault estimait que Derrida avait poussé cette stratégie d’herméticité trop loin en se livrant à l’obscurantisme, une forme de terrorisme intellectuel. Méfiez-vous doànc de ceux qui essaient de vous impressionner avec leur charabia à la sauce intello.

(p. 120)

Le féminisme dans le milieu académique ne se limite pas aux études de genre ou à des délires conspirationnistes. Le prisme de l’épistémologie féministe peut apparemment être appliqué à toute la science. Des domaines que l’on aurait pu croire à l’abri de ces théories aliénantes ont tous été lentement contaminés par ces idées pathogènes. Nous avons maintenant une architecture féministe, une chimie féministe, une géographie féministe, des mathématiques féministes et même une glaciologie féministe (science qui étudie la nature des systèmes glaciaires). Je vous propose cet extrait, tiré d’un article sur la glaciologie féministe : “En fusionnant les études scientifiques postcoloniales féministes et l’écologie politique féministe, le cadre de la glaciologie féministe génère une analyse solide du genre, du pouvoir et des épistémologies dans les systèmes socio-écologiques dynamiques, favorisant ainsi une science et des interactions homme-glace plus justes et équitables.”

Quatrième de couverture

Wokisme, racialisme, cancel culture, postmodernisme, politiques identitaires… ces idéologies cherchent à imposer un nouvel ordre moral en s’attaquant sans relâche à la science, la raison et la liberté d’expression. Les enseignants s’autocensurent par peur de heurter les sensibilités ou d’être sanctionnées. Les organisations ne recrutent plus selon les compétences , mais en se pliant au dogme de la diversité. Toute notre société est gangrenée par le clientélisme victimaire, la censure et le politiquement correct. Nous assistons à la destruction méthodique des valeurs qui ont soutenu la révolution copernicienne, l’esprit des Lumières et les principes universels.

Gad Saad, psychologue évolutionniste, montre comment ces “virus de la pensée” mettent en péril nos libertés fondamentales et nos entraînent vers un sectarisme mortifère, un abîme irrationnel caractérisé par le rejet du réel et de la vérité scientifique. Avec un humour sarcastique, il pointe les incohérences et les contradictions des apôtres de la “pensée woke” qui tentent de réduire les individus à leur ethnie, leur genre ou leur appartenance religieuse. Il s’appuie sur la biologie évolutive et la psychologie comportementale pour décrire les ressorts et les manipulations psychologiques qui instaurent la stratégie de l’émotion et conduisent à l’infantilisation des esprits et à la perte de la raison et du bon sens.