Ana Claudia Quintana Arantes – A morte Ă© um dia que vale a pena viver

« La mort est un jour qui vaut la peine d’ĂȘtre vĂ©cu »

Livre en portugais du Brésil

Ana Cristina est un médecin gérontologue brésilienne spécialisée dans les soins palliatifs, avec une double formation en psychologie.

Le sujet de ce livre est la mort, la mort naturelle, c’est-Ă -dire, la mort non attendue : surtout par grave maladie incurable et connue ou vieillesse. Il y a d’autres livres sur le sujet Ă©crits par des psychologues, sociologues ou philosophes. Par exemple, La mort intime de Marie de Hennezel (une psychologue).

L’originalitĂ© de ce livre est, d’une part, dans la proximitĂ© de l’autrice vis Ă  vis des mourants, elle les accompagne jusqu’aux derniers instants en tant que mĂ©decin. D’autre part, elle s’est intĂ©ressĂ©e Ă  la fois au cĂŽtĂ© psychologique et au cĂŽtĂ© mĂ©dical (« soins palliatifs »).

Les « soins palliatifs », dans la tĂȘte des ceux n’appartenant pas au milieu mĂ©dical, ce sont des soins qui visent surtout allĂ©ger la souffrance physique (douleur, …) avec des mĂ©dicaments pouvant mettre le malade dans un Ă©tat presque vĂ©gĂ©tatif, en attendant le dĂ©cĂšs. Il y a ça mais un peu aussi de rĂ©confort moral ou psychologique.

Ceux qui savent qui vont mourir ont la vision de la mort comme une porte qu’ils vont franchir sans aucune possibilitĂ© de retour, et ils ont peur. En mĂȘme temps, plus ils avancent vers cette porte, Ă  moyen ou Ă  court terme, plus ils font une rĂ©trospective de leur vie. La peur de la mort et l’Ă©ventuelle souffrance physique ne contribue pas Ă  reconstruire une image positive de leur vie.

L’autrice dĂ©fend l’idĂ©e qu’il faut chercher un meilleur Ă©quilibre entre l’accompagnement du malade et les soins palliatifs purement mĂ©dicaux. Le but n’Ă©tant pas de soulager physiquement le malade mais de faire en sorte qu’il puisse vivre encore lucidement encore quelque temps et partir en paix avec lui mĂȘme. Pour cela, il faut que les pratiques de sĂ©dation (profonde ou lĂ©gĂšre) ne soient appliquĂ©es qu’en cas de douleur physique insupportable.

Bien entendu, tout cela se prĂ©pare Ă  l’avance. Il y a une partie Ă  faire par le personnel mĂ©dical s’occupant des malades en vieillesse ou fin de vie mais aussi par chacun d’entre nous. On peut presque dire que cette deuxiĂšme partie pourrait relever du dĂ©veloppement personnel dans un bon sens : pas de psychologie positive ou du bonheur, mais juste une hygiĂšne de vie physique et psychologique. L’autrice parle de certaines spiritualitĂ©s orientales, mais chacun fait son choix :
l’important est le rĂ©sultat.

C’est un livre intĂ©ressant qui apporte un regard nouveau sur la fin de vie. Il s’adresse Ă  la fois Ă  tout le monde mais aussi aux personnels soignants.

Comme des points nĂ©gatifs, il y a d’abord l’Ă©criture souvent dans la premiĂšre personne (je), mais c’est courant chez certains auteurs brĂ©siliens. Ensuite, Ă  l’exception de quelques articles et livres mentionnĂ©s dans le corps du texte, il manque de rĂ©fĂ©rences pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet. Le contenu rĂ©sulte de prĂ©sentations et cours dispensĂ©s par l’autrice. C’est un essai mais j’ai du mal Ă  le classer comme tel.

Citations

(p. 115)

Pour ĂȘtre lĂ  auprĂšs d’une personne mourante, il faut savoir comment l’aider Ă  vivre jusqu’au jour de sa mort. Bien que beaucoup choisissent de vivre d’une maniĂšre morte, tout le monde a le droit de mourir vivant. Quand mon tour viendra, je veux terminer ma vie d’une bonne façon : je veux ĂȘtre en vie ce jour-lĂ .

(p. 122)

Le temps est une question rĂ©currente lorsque l’on parle de finitude. Quand il n’y aura plus de temps, y aura-t-il le temps d’ĂȘtre heureux ? Lorsqu’une personne tombe malade et doit arrĂȘter le temps pour se soigner, le temps ne s’Ă©coule pas en secondes, minutes, heures : il s’Ă©coule en gouttes ou en comprimĂ©s. Des intervalles sont perçus entre un mĂ©dicament et un autre, entre une visite chez le mĂ©decin et une autre, entre un examen et un autre. Et le temps oĂč la perfusion goĂ»te sur le support Ă  cĂŽtĂ© du lit. Toutes les six heures, toutes les huit heures. Le temps s’Ă©tend et ne s’arrĂȘte pas.

QuatriĂšme de couverture

Il existe de nombreuses leçons sur l’art de gagner, mais qu’en est-il de l’art de perdre ? Personne ne veut en parler, mais la vĂ©ritĂ© est que nous passons une grande partie de notre vie dans de grandes souffrances lorsque nous perdons des biens, des personnes, des rĂ©alitĂ©s, des rĂȘves.

Savoir perdre est l’art de ceux qui ont rĂ©ussi Ă  vivre pleinement ce qu’ils ont gagnĂ©.

En 2012, Ana Claudia Quintana Arantes a donnĂ© une confĂ©rence TED qui est rapidement devenue virale, dĂ©passant la barre des 1,7 million de vues. La derniĂšre phrase de la vidĂ©o, « La mort est un jour qui vaut la peine d’ĂȘtre vĂ©cue », est devenue le titre du livre qui, depuis sa sortie en 2016, gagne un public de plus en plus large.

L’une des plus grandes rĂ©fĂ©rences en matiĂšre de soins palliatifs au BrĂ©sil, l’auteur aborde le thĂšme de la finitude sous un angle surprenant. Selon elle, ce qui devrait nous effrayer, ce n’est pas la mort elle-mĂȘme, mais la possibilitĂ© d’arriver Ă  la fin de la vie sans en tirer le meilleur parti, de ne pas utiliser notre temps comme nous le souhaiterions.

En inversant la perspective du bon sens, nous sommes amenĂ©s Ă  repenser notre propre existence et Ă  offrir Ă  ceux qui nous entourent la possibilitĂ© de bien vivre jusqu’au jour de leur dĂ©part. Au lieu de la peur et de l’angoisse, nous devons accepter notre essence afin que la fin soit simplement la fin naturelle d’un voyage.

Cet ouvrage est une belle ode Ă  la vie et Ă  l’humanitĂ©.