Roland Barthes – La Chambre claire : Note sur la photographie
Un classique à lire…
C’est un classique, LE classique. Un livre destiné à tout photographe ou toute personne intéressée par la photo avec un point de vue qui ne se restreint pas à la technique.
Ce livre est intéressant à lire pour deux aspects : historique et contenu.
Sur le côté historique, il a marqué l’étude de l’objet photographique d’un point de vue philosophique/sémiotique (en fait, il était plutôt philosophe ou sémioticien ?). Il n’y avait pas grande chose avant lui. Après lui, énormément de choses ont été écrites, des nombreux points de vue parfois incompatibles, comme c’est le cas souvent en sciences sociales. Toujours est-il que ses idées ont été largement étudiées depuis, et pas seulement en France.
Ce livre a été écrit peu de temps après le décès de sa mère, ce que l’on peut imaginer qui a biaisé son raisonnement, mais je ne crois pas puisque l’image était un sujet qui l’intéressait depuis longtemps déjà. Il a utilisé l’image de sa mère pour expliquer sa recherche de LA PHOTO qui mieux était représentait sa mère : il a trouvé une, de quand elle était encore enfant.
Même si ses idées sont parfois contestées par d’autres philosophes, les concepts qui sont la marque de ce livre : le « punctum » et le « studium » sont effectivement des choses qui sautent aux yeux lorsqu’on regarde une photo.
Parmi les contestations, certains l’ignorent et d’autres l’attaquent directement : c’est le cas des photographes Frank Horvat dans l’introduction de son livre « Entrevues » ou alors Robert Doisneau dans une « pointe » lancée dans « L’imparfait à l’objectif ». Je comprends pourquoi ils critiquent Barthes (et tous les philosophes, d’ailleurs), mais je pense que c’est juste une pensée élitiste et des gens d’autres domaines ont parfaitement le droit de voir l’objet photographique sous un autre angle que celui des photographes professionnels.
On peut être d’accord ou pas avec Barthes, mais il faut le lire.
A la fin, on reste un peu sur sa faim, et c’est normal. La photographie est un objet très complexe et la plus grosse erreur que l’on peut faire, si l’on s’y intéresse vraiment, est de rester sur un seul point de vue.
Quatrième de couverture
Un jour, il y a bien longtemps, je tombai sur une photographie du dernier frère de Napoléon, Jérôme (1852). Je me dis alors, avec un étonnement que depuis je n’ai jamais pu réduire : « Je vois les yeux qui ont vu l’Empereur. » Je parlais parfois de cet étonnement, mais comme personne ne semblait le partager, ni même le comprendre (la vie est ainsi faite à coups de petites solitudes), je l’oubliai. Mon intérêt pour la Photographie prit un tour plus culturel. Je décrétai que j’aimais la Photo contre le cinéma, dont je n’arrivais pas cependant à la séparer. Cette question insistait. J’étais saisi à l’égard de la Photographie d’un désir « ontologique » : je voulais à tout prix savoir ce qu’elle était « en soi », par quel trait essentiel elle se distinguait de la communauté des images. Un tel désir voulait dire qu’au fond, en dehors des évidences venues de la technique et de l’usage et en dépit de sa formidable expansion contemporaine, je n’étais pas sûr que la Photographie existât, qu’elle disposât d’un « génie » propre.