Arthur C. Danto – La transfiguration du banal

En 1917, Marcel Duchamp propose, lors d’une exposition d’art de la Société des Artistes Indépendants, à New York, un objet, un urinoir de ceux qui se trouvent dans les toilettes, avec le titre « Fontaine » et signé « R. Mutt ». L’objet a été refusé. De cet objet il n’y a que des répliques faites dans les années 50 et 60 par Marcel Duchamp, lui-même. Une de ces copies fait partie de la collection du Centre Georges Pompidou à Paris.

L’objet de ce livre est une réflexion sur la « Transfiguration du Banal », c’est-à-dire, des objets banales, pré-existants, parfois produits industriellement, et transformés en œuvre d’art juste par « la volonté de l’artiste ». Ce sont les « ready-made ».

Marcel Duchamp en a produit plusieurs pendant sa vie et dont le premier, avec « Fontaine » a été une « Roue de Bicyclette ».

D’autres artistes ont suivi le principe. Avec des idées plus on moins intéressantes et ceux qui le sont exigent, en général, un effort minimal pour la réalisation.

On peut se poser la question sur l’intérêt de ce genre d’œuvre d’art où l’effort de réalisation est, peut-être discutable. La preuve… ce livre, de plus de 300 pages décortique le sujet du point de vue de la philosophie de l’art.

Quoi qu’il en soit, on ne peut pas nier qu’il y a un effort de créativité. Et, bien sûr, on ne peut pas transformer n’importe quoi en œuvre d’art.

C’est un livre dense, pas facile à lire si on n’est pas initié, un minimum, à la philosophie de l’Art.

Quatrième de couverture

Dans une fable illustre, Borges a montré que deux textes littéralement indiscernables pouvaient constituer deux œuvres différentes, voire antithétiques. Arthur Danto étend à l’ensemble des pratiques artistiques cette interrogation : le même objet peut être ici une vulgaire roue de bicyclette, là une œuvre (Roue de bicyclette, par Marcel Duchamp) cotée à cette Bourse des valeurs esthétiques qu’on appelle le  » monde de l’art « . Une telle transfiguration montre que la spécificité de l’œuvre d’art ne tient pas à des propriétés matérielles ou perceptuelles, mais catégorielles : l’œuvre possède une structure intentionnelle parce que, figurative ou non, elle est toujours à propos de quelque chose.

La démarche de Danto surprendra : vive et amusante, souvent provocante (dans la ligne des pratiques dada ou pop qu’elle prend pour paradigme), elle procède volontiers par hypothèses paradoxes et variations imaginaires. Mais on vérifiera qu’elle ébranle d’autant plus efficacement les habitudes les mieux assises de la pensée esthétique qu’elle s’appuie sur une connaissance intime de l’art classique et contemporain.