Delphine Horvilleur, « Vivre avec nos morts »
Plus que dit le titre…
Pour le goy que je suis, ce livre fait partie des livres qu’il faut absolument lire. C’est un petit bijou.
Bien entendu, c’est le point de vue d’un rabbin, de quelqu’un qui, pendant un petit moment, partage l’intimité, croise la fin d’une vie et la suite de celle de ceux qui restent.
J’imagine difficile d’être toujours objective.
Dans ce livre, Delphine Horvilleur nous raconte un petit nombre de situations qui l’ont mise en contact avec la mort, ses pensées parfois intimes, les rituels du judaïsme, son métier de rabbin, …
Il y a des passages très émouvants. J’en cite un :
Ce jour-là, j’ai dit à un homme ce qu’avait été sa mère, ne pouvant inventer autre chose que ce qu’il m’en avait livré. Et pourtant, je ne saurais l’expliquer, mais c’est comme si une autre histoire s’était devant nous énoncée.
Le fils de Sarah s’est avancé vers le cercueil et a caressé de sa main ce bois qui enveloppait sa mère. Il a pleuré longuement, et c’est la qu’il m’a dit : « Quelle vie elle a eue ! ». J’ignore dans quelle mesure il venait de le découvrir.
Ce n’est pas le premier livre que je lis de cet auteur. A chaque fois j’apprends un peu plus de cette communauté souvent méconnue ou ignorée et que, même n’étant pas la mienne, j’apprécie depuis longtemps.
Quatrième de couverture
Être rabbin, c’est vivre avec la mort : celle des autres, celles des siens.
Mais c’est surtout transmuer cette mort en leçon de vie pour ceux qui restent : « Je me tiens aux côtés de femmes et d’hommes qui, aux moments charnières de leurs vies, ont besoin de récits. »
La tapisserie de ce livre de consolation tresse étroitement trois fils : le conte, l’exégèse et la confession.
La narration d’une vie interrompue, la manière de donner sens à cette mort à travers les textes de la tradition, et l’évocation d’une blessure intime ou la remémoration d’un épisode autobiographique dont elle a réveillé le souvenir enseveli.
Les textes sacrés ouvrent un passage entre les vivants et les morts : « Le rôle d’un conteur est de se tenir à la porte pour s’assurer qu’elle reste ouverte. » Et permettre ainsi à chacun de faire la paix avec ses fantômes.