Luc Ferry – Les sept écologies

Enfin, un livre non catastrophique…

C’est un livre que je trouve excellent mais qui va faire grincer beaucoup de dents.

Luc Ferry, comme beaucoup d’autres, part du constat que la planète va mal.

La démarche de ce livre est celle qui devait être de tout scientifique, c’est à dire : « il y a un problème, voyons quelles sont les solutions déjà proposées (ce qui dans le milieu scientifique s’appelle état des l’art) et voila ce que je (je = Luc Ferry) propose ».

La première partie de son livre (180 pages sur 270) est consacrée à présenter, et a donner son opinion, sur les autres approches de l’écologie.

Luc Ferry ne cache pas être contraire à ces approches qu’il qualifie de « écologie punitive, moralisatrice et rétrograde » et il ne se prive pas de les critiquer sévèrement et montrer toutes les contradictions et utopies.

Certaines approches relèvent, grosso modo, d’un militantisme anticapitaliste, d’autres d’un militantisme sans un vrai rapport avec l’écologie (l’écoféminisme ou encore les décoloniaux ou le véganes) et l’alarmisme avec toujours un objectif de décroissance.

Luc Ferry montre bien qu’aucune de ces solutions est satisfaisante, ni par les résultats, ni par les transformations subies par la société. le seul acteur qui sort du lot par sa lucidité serait, selon l’auteur, Yves Cochet qui reconnaît que rien de tout ça serait possible sans l’implantation d’un système politique totalitaire ou alors, une catastrophe d’ampleur suffisante pour tout chambouler.

Par ailleurs, puisqu’on parle de totalitarisme, il est utile de mentionner que l’idée de profiter de la pandémie COVID pour implanter un système communiste planétaire avec remplacement de l’ONU par un organisme avec des pouvoirs sur les états est déjà proposée par Edgar Morin dans le livre « Changeons de voie: Les leçons du coronavirus ». Personnellement, cela me choque profondément.

Parmi les énormités de ces approches, il y a une qui mérite d’être mentionnée : la diminution de la moitié de l’humanité !!! Ou alors, l’arrêt des soins médicaux aux maladies graves de ceux qui ont plus de 65 ans… Ça montre bien que certaines idées totalitaires du siècle dernier ne sont pas disparues.

Dans la proposition que Luc Ferry défend, mais dont il n’est pas l’auteur, il ne parle pas de décroissance, mais bien au contraire, grosso modo, de croissance infinie avec changement dans, par exemple, la fabrication de produits toujours recyclables, des changements dans les habitudes. Si on regarde de plus près les propositions concrètes, on voit que certaines sont plus que logiques (l’énergie nucléaire, par exemple) et d’autres dont je suis sceptique.

A mon avis, il s’agit quand même d’une décroissance mais qui va dans le sens de trouver un équilibre entre une société respectueuse de l’environnement et un minimum de confort pour l’humanité.

Ce qui est surtout à retenir de ce livre résulte, à mon avis, le tout dernier paragraphe du livre, que je recopie ici, tout en redécoupant en deux parties :

« Pour y parvenir, il faudra non seulement beaucoup de science et d’intelligence, mais aussi une grande capacité de la politique à reprendre la main sur un cours du monde qui, nous l’avons vu, nous échappe encore aujourd’hui de toute part. Comme on voit, rien n’est joué dans cette affaire, et rien n’y est simple ni gagné d’avance.

Mais s’il existe encore en ce monde un grand dessein, c’est bien celui qui consisterait à mettre enfin en oeuvre une écologie non punitive, à la fois déradicalisée et réellement soucieuse d’embellir l’avenir de l’humanité. « 

Donc, il faut surtout de l’intelligence, confiance dans la science pour qu’elle trouve des solutions pour le bien de l’humanité et dans le respect de la nature et de l’environnement.

Il faut que les écologistes radicaux cessent de mélanger le problème de la nature avec des idéologies d’origine plutôt politique.

Chantal Delsol, dans son livre « La haine du monde », nous explique que dans des situations d’extrême conflit, si des groupes radicaux prennent le pouvoir, ça fini toujours par un système totalitaire. C’est ce qui est arrivé en Allemagne en 1933 ou en Russie en 1917. Alors, on aura le choix entre un « 1984 » de George Orwell ou un « Le meilleur des mondes » de Aldous Huxley. Que préférez vous ?

Enfin, rien ne pourra se faire de façon démocratique que dans le dialogue, sans agréssivité et dans le respect de l’autre et surtout de ceux qui n’ont pas forcément le même avis des uns et des autres.

Quatrième de couverture

Parler aujourd’hui d’écologie au singulier n’a guère de sens tant les mouvements qui s’en réclament sont multiples et opposés entre eux. De fait, l’écologie se divise désormais en sept grands courants : les « effondristes », qui tiennent la catastrophe pour inévitable ; les alarmistes révolutionnaires, héritiers de la critique marxienne du capitalisme, qui plaident pour la décroissance, comme les écoféministes, les décoloniaux et les véganes, qui considèrent la lutte pour l’environnement comme indissociable de celle pour le droit des femmes, des colonisés et des animaux ; les réformistes, qui pensent au contraire que la solution se situe dans la croissance verte et le développement durable. Viennent enfin les partisans de « l’écomodernisme » et de l’économie circulaire que je défends ici.

Ces différentes composantes s’accordent sans doute sur le fait que la planète va mal, mais leur opposition n’en reste pas moins parfois radicale, les effondristes et les révolutionnaires tenant notamment la croissance verte et le développement durable pour des impostures.

C’est à analyser les idées, les convictions et les propositions qui les animent que ce livre est consacré, mais aussi à proposer une alternative écomoderniste à l’écologie punitive, une vision du monde qui esquisse enfin un grand dessein enthousiasmant pour une humanité réconciliée avec elle-même comme avec sa planète.