Amos Oz – Chers fanatiques
Les fanatiques et le conflit israélo-palestinien
Ce livre se divise en deux parties, en fait. Dans la première, il parle aux fanatiques, qui existent dans n’importe lequel domaine, et qu’il défini comme le manque de tolérance, d’ouverture et d’écoute à l’opinion de ses interlocuteurs.
Cette première partie sert d’introduction à la deuxième qui est sa vision du conflit israélo-palestinien. Bien sûr, il parle des fanatiques palestinien, et sur les fanatiques israéliens, il les laisse pour la deuxième partie.
Selon lui, il est tout à fait légitime que aussi bien les Juifs que les Palestiniens réclament leur droit à être dans ces terres, mais tous les deux et pas un seul. Selon lui, vues les différences culturelles et historiques, il serait impossible d’avoir un état binational. Une solution serait, donc, deux états : Israël et Palestine.
Et c’est là qu’intervient le fanatisme. S’il y a celui des palestiniens, il y a aussi les deux extrêmes israéliens : l’extrême progressiste qui considère Israël (et les juifs en général) comme une nation/people oppresseur, … devant revenir en arrière dans son territoire et l’autre extrême des ultra-orthodoxes qui veut aller encore plus loin dans l’expansion.
Bien sûr qu’il y a un impasse et Amos Oz estime que la bonne solution est intermédiaire. Il s’oppose à toute notion de « irréversibilité ». Et son raisonnement sur une solution possible s’appuie sur l’histoire estimant ce qu’il serait possible de réclamer pour Israël et ce qui pourrait être rendu aux Palestiniens dans un accord de formation de deux états.
Avec le regard extérieur qui est le mien, il me semble un raisonnement constructif, juste et surtout qui ne s’accroche pas à toutes les arguties en cours, sans toutefois les oublier. D’ailleurs, il n’en parle même pas.
Citations
Ce n’est pas le niveau de décibels qui caractérise un fanatique, mais plutôt sa tolérance ou son manque de tolérance envers la parole de ses adversaires.(p.22)
Selon la définition de Winston Churchill, « le fanatique est celui qui ne peut pas changer d’avis et ne veux pas changer de sujet ». (p.29)
Ma position sioniste, depuis le départ, est très simple : nous ne sommes pas seuls sur cette terre. Nous ne sommes pas seuls à Jérusalem. Je dis la même chose à mes amis palestiniens : vous n’êtes pas seuls sur cette terre. L’autre face de l’alternative serait de diviser cette petite maison en deux appartements encore plus petits. Un logement pour deux familles. Si quelqu’un de part et d’autre de la barrière israélo-palestinienne déclarait : « c’est ma terre », il aurait raison. Mais s’il affirmait : « Cette terre, entre la Méditerranée et le Jourdain, est à moi et à moi seul », ce serait un homme assoiffé de sang. (p.106-107)
Quatrième de couverture
« Combattre les extrémistes ne veut pas dire les anéantir tous, mais plutôt contrôler le petit fanatique qui se cache en nous. »
« Ces trois articles n’ont pas été rédigés par un expert ni un spécialiste, mais par un auteur dont l’engagement s’accompagne de sentiments mitigés » : c’est ainsi que le grand romancier israélien Amos Oz présente ce recueil d’essais, nés à l’occasion de conférences données depuis 2002.
Il y propose une réflexion géopolitique qui se nourrit aussi bien d’analyses historiques, d’interprétations bibliques que d’anecdotes personnelles, afin d’exposer sa lecture du fanatisme, dans toutes ses acceptions possibles, et ses éventuels recours. Car Amos Oz, fervent défenseur de la paix et de la solution à deux États au Moyen-Orient, se refuse aux simplifications.
Dans ce recueil qui peut se lire comme un prolongement de Aidez-nous à divorcer (2004), Comment guérir un fanatique (2006), et Juifs par les mots (2014), l’écrivain se saisit de l’actualité de son pays pour esquisser des pistes prudentes, et désormais teintées d’un certain pessimisme. Conscience intellectuelle et porte-voix du mouvement « La paix maintenant » depuis 1978, Amos Oz ne dissimule pas ses réserves sur les choix récents faits par le gouvernement de son pays, ni sa crainte de leurs conséquences dans les années à venir.
Soixante-dix ans après la proclamation de l’État d’Israël, ces trois textes nous interrogent sur les racines humaines du fanatisme et nous invitent à considérer, malgré tout, ce que des peuples qui se déchirent peuvent avoir en commun.