GĂ©rald Bronner – Apocalypse cognitive

C’est un livre trĂšs dense. Un dĂ©veloppement minutieux et original. Difficile de faire une fiche de lecture.

En fait, il faut surtout retenir l’idĂ©e principal de ce livre, son fil conducteur.

Nous avons tous un « capital cognitif » constituĂ© par notre « temps de disponibilitĂ© du cerveau ». Prenez les 24 heures de votre journĂ©e, enlevez les temps de travail, de transport, des corvĂ©es, de sommeil, et vous aurez le nombre d’heures ou minutes auxquels vous pouvez dĂ©dier Ă  vos activitĂ©s cognitives, Ă  votre dĂ©veloppement intellectuel, aux moments de rĂ©flexion.

Si vous pouvez utiliser ce capital temps comme vous voulez, des tiers essayent d’en prendre possession en attirant votre attention, vidant ainsi votre capital.

Avec ce fil conducteur, Gérald Bronner analyse aussi exhaustivement que possible les tactiques utilisées pour récupérer votre temps de cerveau disponible.

Ça peut ĂȘtre les rĂ©seaux sociaux oĂč vous voyez, en permanence, des publicitĂ©s et que, au passage, on rĂ©cupĂšre vos donnĂ©es personnels qui seront utilisĂ©s par ailleurs. Les publicitĂ©s qui vous inciteront Ă  acheter tel ou tel produit, les nĂ©o-populistes, les fake news, etc, etc…

A une Ă©poque oĂč l’information est, ou devrait ĂȘtre facilement accessible, on se trouve dans une situation de saturation oĂč notre temps de cerveau disponible se trouve Ă©puisĂ©. Il nous alerte sur les dangers de cette situation.

Il ne propose pas vraiment de solutions et il est conscient de la difficultĂ©. Par exemple, difficile de trouver une solution aux « fake news » sans limiter la libertĂ© d’expression.

Gérald Bronner, je le classe un peu comme un « touche à tout » puisque dans ses livres, et pas juste celui-ci, il aborde des aspects aussi bien sociologiques que psychologiques et neurologiques.

Ce livre est trĂšs dense trĂšs documentĂ© avec une Ă©norme quantitĂ© de rĂ©fĂ©rences. C’est plus qu’un essai. Pour bien le lire, il faut prendre son temps. MĂȘme s’il s’agit d’un livre que se lit facilement, il faut se donner le temps de la rĂ©flexion tout au long de la lecture.

QuatriĂšme de couverture

La situation est inĂ©dite. Jamais, dans l’histoire de l’humanitĂ©, nous n’avons disposĂ© d’autant d’informations et jamais nous n’avons eu autant de temps libre pour y puiser loisir et connaissance du monde. Nos prĂ©dĂ©cesseurs en avaient rĂȘvĂ© : la science et la technologie libĂ©reraient l’humanitĂ©. Mais ce rĂȘve risque dĂ©sormais de tourner au cauchemar. Le dĂ©ferlement d’informations a entraĂźnĂ© une concurrence gĂ©nĂ©ralisĂ©e de toutes les idĂ©es, une dĂ©rĂ©gulation du « marchĂ© cognitif » qui a une fĂącheuse consĂ©quence : capter, souvent pour le pire, le prĂ©cieux trĂ©sor de notre attention. Nos esprits subissent l’envoĂ»tement des Ă©crans et s’abandonnent aux mille visages de la dĂ©raison. Victime d’un pillage en rĂšgle, notre esprit est au coeur d’un enjeu dont dĂ©pend notre avenir. Ce contexte inquiĂ©tant dĂ©voile certaines des aspirations profondes de l’humanitĂ©. L’heure de la confrontation avec notre propre nature aurait-elle sonnĂ© ? De la façon dont nous rĂ©agirons dĂ©pendront les possibilitĂ©s d’Ă©chapper Ă  ce qu’il faut bien appeler une menace civilisationnelle.

C’est le rĂ©cit de cet enjeu historique que propose le nouveau livre Ă©vĂ©nement de GĂ©rald Bronner.

GĂ©rald Bronner est professeur de sociologie Ă  l’UniversitĂ© de Paris, membre de l’AcadĂ©mie des technologies et de l’AcadĂ©mie nationale de mĂ©decine. Il a publiĂ© plusieurs ouvrages couronnĂ©s par de nombreux prix. Son dernier ouvrage paru est Cabinet de curiositĂ©s sociales (collection « Quadrige », Puf, 2020).