Peter Longerich – La conférence de Wannsee
Ce livre, comme tous ceux de Peter Longerich, est très clair et facile à lire.
Dans cet ouvrage, Longerich donne une idée, à grande échelle, de ce qui a été la mise en place et réalisation de la « Solution finale de la question Juive », prenant la Conférence de Wansee comme point de référence – ce qui est arrivé avant et la suite.
Les massacres de Juifs avait déjà commencé plusieurs mois avant cette conférence, mais c’étaient des initiatives décidées plus ou moins localement, au cas par cas.
En même temps, deux visions s’affrontaient : Heydrich, qui répondait à Hermann Goering et Himmler, qui répondait directement à Adolf Hitler. Heydrich défendait l’idée que la Solution finale devrait avoir lieu après la fin de la guerre et la victoire de l’Allemagne, qu’il croyait proche. Les massacres en cours n’étaient pour lui, que des solutions provisoires. Himmler, au contraire, estimait que la Solution finale devrait avoir lieu en même temps que la guerre.
Cette conférence, qui d’ailleurs n’a duré que une heure ou une heure et demie (selon Eichmann) de très bonne heure le 20 janvier 1942, avait, en fait, pour but de consolider Reinhard Heydrich comme coordinateur des opérations de la Solution finale et pas pour décider de son existence.
Par ailleurs, le protocole de la conférence avait déjà été concerté entre les différents interlocuteurs. Trois groupes ont été représentés dans cette réunion : l’administration de l’État nazi, les administrateurs des pays de l’Est sous contrôle allemand, et la SS.
La conférence dont la date était initialement fixée au 9 décembre 1941 a été transférée au 20 janvier 1942. Cela suite à l’entrée en guerre des États Unis, à la veille de la date prévue initialement.
Avec plusieurs rencontres très rapprochés entre Himmler et Heydrich, à la fin d’avril 1942, Le massacre des Juifs s’est accélérée à partir du mois de mai, avec le début des déportations dans les pays occidentaux. On note, en France, la célèbre rafle des « billets verts » le 14 mai 1942 avec l’arrestation de 3700 juifs.
Un attentat qui a causé la mort de Reinhard Heydrich le 26 mai de la même année a permis à Himmler, sous pretexte de vengeance, de prendre le contrôle de la « Solution finale », n’ayant plus d’obstacle à sa stratégie.
C’est une très bonne lecture puisque dans un livre de 230 pages, dont 160 de texte et 70 de notes et bibliographie, on comprends les grandes lignes de la « Solution finale », les points de vue de chaque dirigeant, comment les faits se sont enchaînées, … On sort d’un récit des « détails comptables » et de « modus operandi » pour avoir une vue d’ensemble. C’est le grand plus de ce livre.
Citations
(p. 10)
Quinze hommes, dont dix ayant suivi une formation universitaire, neuf juristes, huit titulaires d’un doctorat, discutèrent de ces questions, à en croire le protocole, dans des conditions agréables, dans un environnement tout à fait idyllique, au cours d’échanges à la fois passionnés et professionnels. Sur des points de détail, ils défendirent des opinions divergentes, sans jamais remettre en cause le projet global, l’assassinat de 11 millions de Juifs.
(p. 60)
Dans l’esprit de Heydrich, cette conférence avait manifestement pour objectif d’asseoir son autorité en tant que responsable » des préparatifs de la « Solution Finale » et donner ainsi l’impression que les déportations, qui avaient entre-temps débuté, et les massacres, déjà commis ou qui se préparaient dans diverses régions sur les Juifs locaux, représentaient des expériences qui s’inscrivaient dans un programme d’ensemble sous sa direction. Dans le même temps, il comptait faire des hauts représentants de la bureaucratie ministérielle des comparses et des complices que l’on pourrait qualifier d’officiels en leur présentant les détails du programme de la « Solution Finale » tout en clarifiant la question, encore ouverte, des gens visés par les déportations.
Quatrième de couverture
» Le protocole de la conférence de Wannsee est aujourd’hui considéré comme le symbole même de l’organisation calculée, froide et bureaucratique du génocide des Juifs d’Europe. »
Le 20 janvier 1942, la conférence de Wannsee réunit quinze dignitaires du IIIe Reich autour de la » question juive « . Si toute la lumière n’a pu être faite autour de la tenue de cette rencontre, elle est considérée comme le point de bascule du régime nazi vers sa politique génocidaire. Selon Peter Longerich, deux visions s’y sont confrontées quant au sort des Juifs, celles de Himmler et de Heydrich.
Révélant les tensions au sein de la direction de la SS et clarifiant les approximations qui entourent la rédaction du protocole de la conférence, l’historien s’attelle à en démonter le mythe et construit une lecture étayée des coulisses de ce moment charnière de la Seconde Guerre mondiale.