David Haziot, Chemins sans issue selon Van Gogh

Petit livre d’une centaine de pages qui propose une reconstitue les derniers jours de Van Gogh à Auvers-sur-Oise. Ce livre commence par un très court rappel de sa vie jusque là, pour situer le contexte.

Vincent Van Gogh se trouve dans une situation de complète dépendance financière de son frère Théo qui lui verse une pension de 150 francs par mois avec quelques versements extraordinaires parfois. Les tableaux de Vincent ne se vendent pas. Il y a une grande affection entre les deux frères.

Théo se retrouve dans une situation financière difficile, puisque ses revenus en tant qu’employé ne lui suffisent même pas pour lui même et sa famille.

La goûte d’eau est une discussion entre Vincent et Johanna, épouse de Théo. Vincent vient à Paris pour trois jours, chez Théo. Johanna remet Vincent à sa place, selon elle, lors d’une discussion sur un tableau qui devrait être mis sur un mur du salon. Vincent décide d’interrompre son séjour et de rentrer tout de suite à Auvers-sur-Oise, le jour même de son arrivée.

Telle est la situation psychologique de Vincent : folie ou désespoir, l’un ou l’autre ou un peu des deux…

Vincent avait déjà fait quelques tableaux avec cette scène, dont le jaune des épis de bleu lui avaient émerveillé. L’auteur nous fait remarquer la différente entre les coups de pinceau du ciel et de la plantation de blé. La route qui s’arrête en plein milieu de la plantation, une « route sans issue », comme sa vie. Et, d’un coup, arrivent des corbeaux, noirs, des oiseaux de mauvais augure annonçant la mort.

Vincent se procure un revolver et se tire une balle dans la poitrine. Il meurt 2 jours après, avec Théo à son côté.

Ce petit livre, court et très facile à lire, ne nous dit pas tout de Van Gogh, mais il nous dit l’essentiel de son coup de folie final. Et, au moins en ce qui me concerne, m’encourage à revoir encore une exposition Van Gogh et lire un peu plus sur sa vie.

Champ de blé aux corbeaux
Champ de blé aux corbeaux

Citations

(p. 23)

Mieux vaux crever de passion que mourir d’ennui !

(p. 60-61)

La fameuse nuit de décembre, la veille de Noël, quand Gauguin a voulu partir, quitter Arles et me laisser avec les ruines de cet atelier du Midi dont j’avais tant rêvé, qui avait coûté si cher à Théo… Cette nuit folle où une bête malade a hurlé à la lune en moi. Un feu rouge et jaune dans le noir de la nuit, comme ce « Paysan brûlant mauvaises herbes » que j’avais peint à Nuenen… La fresque de Giotto « L’arrestation de Jésus » ou « Le Baiser de Judas », autre traître, m’est apparue soudain, vivante ! Et l’apôtre Pierre tira le glaive pour trancher l’oreille du serviteur du grand prêtre. J’y étais, je voyais l’oreille tomber dans une giclée de sang et je la recueillis de mes mains. C’était la mienne ! Puisque j’étais dans la fresque de Giotto ! Je l’ai portée dans une feuille de journal pour la donner à la petite Rachel qui travaillait au bordel des zouaves. Elle avait été mordue par un chien enragé et sauvée par Pasteur à Paris. Moi aussi j’avais la sensation d’avoir été mordu par un chien enragé qui voulait me faire peindre comme je ne pouvais le faire. La voie imaginaire en peinture, comme je l’ai écrit à Bernard, c’était pour moi aller dans le mur. Et c’est ce qui se passa. Oui, je suis devenu fou, malade, mes visions étaient le réel et je vivais mes rêves. Nous sommes tous ainsi, les Van Gogh, c’est notre nervosité.

Quatrième de couverture

Mêlant récit romanesque et enquête historique, chaque auteur raconte l’histoire d’un tableau célèbre.

« Le Champ de blé aux corbeaux » est devenu un tableau mythique. Mais s’il excelle à faire connaître une œuvre, le mythe obscurcit plus qu’il n’éclaire. Non, cette toile ne fut pas la dernière de Van Gogh, et non, il ne s’est pas suicidé devant. Longtemps, par égard pour les témoins vivants, on a occulté le rôle de Théo et d’autres personnes dans la tragédie d’Auvers-sur-Oise. Ce récit rétablit, par le don de vie du roman, le scénario de la fin.

« Le Champ de blé aux corbeaux », ainsi remis en perspective, en sort plus poignant. Comme tout chef-d’œuvre, il est une synthèse de l’art de son auteur par la couleur et par le trait, en adéquation parfaite avec son ressenti de l’instant.

Le comprendre le fait d’autant plus aimer.