Gerald Steinacher – Les nazis en fuite
Le nombre de criminels nazis qui n’ont pas Ă©tĂ© inquiĂ©tĂ©s par la justice est Ă©norme : des milliers. Certains on pu ĂȘtre rattrapĂ©s par des « chasseurs » qui ont dĂ©diĂ© leur vie Ă les chercher. Les plus connus sont probablement Simon Wiesenthal et Serge et Beate Klarsfeld. SĂ»rement trop nombreux pour ĂȘtre tous pris, mais cette tĂąche Ă©tait nĂ©cessaire, au moins de savoir comment ils se sont Ă©chappĂ©s, ils se sont cachĂ©s, ce qu’ils sont devenus et qui les a protĂ©gĂ©.
Ceci est le sujet de ce livre, en particulier ceux qui sont passĂ©s par L’Italie arrivant par le Tyrol du Sud.
Certains pays alliĂ©s, les vainqueurs, surtout les Ătats Unis et la Russie, mais pas la France, se sont servi de certains « cerveaux » allemands. Le plus grand exemple est Wernher von Braun, ingĂ©nieur, officier SS, qui est Ă l’origine des fusĂ©es V2. RecrutĂ©, d’autres ingĂ©nieurs allemands sous ses ordres, par les amĂ©ricains et naturalisĂ© amĂ©ricain dans les annĂ©es 50, il a participĂ© au programme spatial amĂ©ricain. On peut dire que ça a Ă©tĂ© un bon recrutement.
Le Tyrol est une rĂ©gion frontaliĂšre avec l’Allemagne et couvrant partie de l’Autriche et de l’Italie. Facile Ă comprendre pourquoi cette rĂ©gion a Ă©tĂ© devenue un point de passage important pour les rĂ©fugiĂ©s qui n’avaient pas grande chose utile de leur passĂ© Ă offrir.
Toutes les conditions Ă©taient rĂ©unies pour que le Tyrol et l’Italie deviennent le point de passage privilĂ©giĂ© : une partie de la population du Tyrol qui Ă©tait germanophone, dont une partie Ă©tait sympathisante du nazisme, un flot consĂ©quent de rĂ©fugiĂ©s, la Croix Rouge qui ne pouvait pas enquĂȘter sue le passĂ© de chaque demandeur de billet de voyage, le Vatican dans le but de lutter contre le athĂ©isme communiste intervenait parfois pour parrainer ceux qui se disaient des fervents catholiques et, aussi des passeurs qui se faisaient de l’argent avec tout ça.
La destination la plus recherchĂ©e Ă©tait l’Argentine, gouvernĂ©e par le GĂ©nĂ©ral PĂ©ron, et qui pour se moderniser Ă©tait prĂȘte Ă accepter des rĂ©fugiĂ©s, sans trop regarder le passĂ© des migrants. Une partie est restĂ©e en Argentine et d’autres ont utilisĂ© l’Argentine comme pont pour aller au BrĂ©sil, Chili ou Bolivie. Certains sont passĂ©s par l’Italie pour aller directement en Syrie ou en Ăgypte.
Ce sont les grandes lignes dĂ©veloppĂ©es dans ce livre, avec beaucoup de dĂ©tail sur les procĂ©dures et les cas. C’est un travail de recherche trĂšs minutieux (ce sont 380 pages de contenu plus 80 pages de notes et bibliographie).
Il s’agit, parait-il, d’un travail original. Peu de historiens se sont penchĂ©s sur ce sujet avec une minutie aussi importante. On le voit bien par le nombre de notes et de documents et archives consultĂ©s.
Citations
(p.385)
Une sociĂ©tĂ© qui peut affronter les Ă©pisodes sombres de son histoire est capable d’en tirer les leçons, et ainsi de se mĂ©nager un avenir meilleur.
(p.385)
L’Ă©crivain autrichien Martin Pollack explique de façon concise l’intĂ©rĂȘt qu’il y a Ă mĂ©diter un passĂ© historique reconstruit avec prĂ©cision : « Nous ne pouvons aller au-devant des fantĂŽmes du passĂ© sans transparence. Toute tentative visant Ă les Ă©vacuer, Ă les faire disparaĂźtre en gardant le silence, en fermant les yeux ou en se bouchant les oreilles est inĂ©vitablement vouĂ©e Ă l’Ă©chec. »
QuatriĂšme de couverture
Entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et le dĂ©but des annĂ©es 1950, plusieurs dizaines de criminels de guerre nazis sont parvenus Ă fuir l’Allemagne et Ă Ă©chapper Ă la justice internationale. Quelles filiĂšres ont-ils suivi ? De quelles complicitĂ©s ont-ils joui ? OĂč ont-ils trouvĂ© refuge ? Gerald Steinacher dĂ©mĂȘle ici le vrai du faux, laissant de cĂŽtĂ© fantasmes et thĂ©ories du complot, pour nous offrir un rĂ©cit saisissant de la fuite des sĂ©ides de Hitler les plus convaincus, ou les plus compromis.
Le rĂ©sultat de son enquĂȘte est Ă©difiant : les filiĂšres d’Ă©vasion passent par le Tyrol, pour rejoindre ensuite les ports italiens et, au-delĂ , le continent sud-amĂ©ricain. Les fugitifs â Adolf Eichmann, Josef Mengele ou encore Klaus Barbie â bĂ©nĂ©ficient de papiers d’identitĂ© de la Croix-Rouge, du soutien du Vatican et de la protection de la CIA. C’est que, dans le cadre de la guerre froide en gestation, les puissances occidentales d’aprĂšs-guerre avaient de nombreuses motivations pour exfiltrer d’anciens nazis, de la pĂ©nurie de personnel de renseignements Ă la lutte contre le  » communisme athĂ©e « . Par cette enquĂȘte passionnante, oĂč la rĂ©alitĂ© dĂ©passe souvent la fiction, l’auteur retrace avec finesse ce moment d’histoire effarant.