Michel Le Van Quyen – Cerveau et nature

Ce livre, je l’ai trouvé dans le rayon médecine/neurosciences d’une grande librairie. A mon avis personnel, je le placerais entre essai et vulgarisation scientifique. C’est un livre intéressant, assez bien écrit, avec beaucoup de références bibliographiques et à la portée de n’importe qui. Il parle aussi d’un autre livre dont il est l’auteur : « Cerveau et Silence », dont je vais me procurer dès que possible.

L’auteur présente plusieurs situations de rencontre entre l’être humain et la nature (on les retrouve dans la table de matières) : Se plonger dans la forêt, Faire face à la mer, Se laisser flotter sur l’eau, Célébrer les premières lumières du jour, Éprouver la beauté des couleurs, Cultiver ses neurones, Vivre à son rythme, Croiser le regard d’un animal, Laisser les enfants se salir, Écouter le silence des montagnes et Contempler les étoiles.

A première vue le point commun entre ces thèmes est le placement de la personne dans une situation paisible, de ralentissement de rythme : une harmonie avec la nature. Mais il n’y a pas que ça : ces ambiances ont la propriété d’exciter nos sens ou même notre organisme par leurs propriétés physiques ou chimiques.

Mais même chez soi, en pleine ville, on peut aussi avoir un comportement « naturel ». Par exemple, en se couchant le plus souvent avant 2h du matin en pleine obscurité, s’éloignant des écrans un certain temps avant de se coucher ou l’importance de certains aliments (lactobacilles, …).

Vous avez compris, même si l’auteur est concerné par la protection de la nature, le but de son livre n’est pas du tout un militantisme écologique, mais de montrer l’intérêt pour l’être humain de s’immerger dans la nature, et profiter de l’harmonie et bien-être que l’on peut retirer (voir la première citation).

C’est un livre très intéressant qui n’a pas du tout la démarche des bouquins de développement personnel (j’essaye de fuir ce rayon), où on dit que « vous êtes super et que tout est à votre portée ». Non, ce livre est juste l’explication scientifique de comment fonctionne notre organisme et comment il peut profiter des bien faits de la nature, avec des nombreuses références bibliographiques. Et justement, grâce à ces références bibliographiques, on peut aller plus loin dans la compréhension.

Ceux qui cherchent un livre sur l’écologie, le militantisme écologique ou le développement personnel, ce livre n’est pas pour vous.

Citations

(p. 19)

Or le désir de nature n’a pas que des vertus. Il peut pousser à des comportements excessifs. D’abord, il incite à la consommation, et les industriels se sont engouffrés dans la brèche. À défaut de vivre au vert, les citadins achètent du bio, du local ou du végan. Des consultants de toutes espèces accompagnent ce marché très profitable : en mal de nature, on se fait ainsi chouchouter à des prix exorbitants dans les centres de naturopathie situés en plein Paris. Et même lorsque l’on se trouve dans la forêt, il ne suffit plus de contempler les arbres, il faut des impressions encore plus fortes : les embrasser, les enlacer, voire vivre dedans, dans des habitations de fortune.

(p. 231)

Remémorez-vous une belle soirée d’été. Après le dîner, vous sortez un moment dans la tiédeur de la nuit pour regarder les étoiles. Sur le moment, vous ne voyez pas grand-chose, car votre œil doit s’habituer à l’obscurité. En effet, la pupille se dilate et quadruple son diamètre pour laisser entrer d’avantage de lumière. Il lui faut aussi mettre en route des cellules réceptrices particulières, les bâtonnets, sensibles aux faibles luminosités. Quinze à trente minutes sont nécessaires pour que notre œil s’accoutume entièrement à l’obscurité (il passe alors de la vision normale, dite photopique, à la vision scotopique, ou nocturne).

(p. 246)

Une pure approche intellectuelle où l’on essaye de décortiquer tous les mécanismes, mesurables ou observables de l’extérieur, ne suffit pas à traduire totalement la profondeur de notre relation au vivant. D’après moi, et comme je l’ai suggéré tout au long de ces pages, la nature se laisse surtout expérimenter à travers les sens et l’immersion directe qu’offre chaque environnement particulier. Avant toute compréhension scientifique, cela reste une expérience personnelle et vécue à la première personne.

Quatrième de couverture

Pourquoi une promenade en forêt réduit-elle le stress ? Les sons, les odeurs de la nature, la présence animale nous font du bien, mais par quels circuits ? Notre capacité à lutter contre les maladies est-elle amplifiée à certaines saisons ?

Nous sentons confusément que la beauté du monde est source de bienfaits, sans toujours mesurer la science fascinante, diverse et subtile à l’œuvre : il était temps de la révéler.