Ian Kershaw – L’Opération Walkyrie : Juillet 1944
Ian Kershaw fait partie des grands spécialistes du nazisme et, en particulier, la biographie d’Hitler qu’il a écrit est considérée comme la référence.
Adolf Hitler a été la cible de plusieurs tentatives d’attentat, il a toujours échappé miraculeusement, par chance. Il y en a deux qui ont presque réussi. En 1939, une bombe placé dans la brasserie à Munich où il faisait ses discours habituels a bien explosé mais Adolf Hitler avait quitté les locaux quelques minutes avant.
Il y a eu, pendant la guerre, une suite de plans orchestrés par des officiers de la Wehrmatch, mais que, toujours par des petits imprévus au dernier moment, n’ont pas abouti.
Ce livre raconte la dernière tentative, presque réussie, le 20 juillet 1944, commis par le Colonel Von Stauffenberg. Le moyen a été une valise placée sous la table dans une salle de briefing dans la Tanière du Loup. Encore pour un imprévu de dernier moment, Von Stauffenberg n’a pu enclencher le mechanisme d’une seule des deux bombes de la valise. C’est probablement ce qui a sauvé le Führer.
Von Stauffenberg a été fusillé, avec quatre autres, dès son retour à Berlin, lorsqu’on a appris que Hitler était toujours vivant. La vengeance souhaité par Hitler a été très faite avec grande cruauté, les condamnés ont été pendus (au lieu d’être fusillés) et accrochés à des crocs de boucher, comme raconté dans une des citations.
Près de 5000 personnes seront arrêtées et condamnés à mort1. Un qui n’apparaît dans le récit est le Generalfeldmarschall Erwin Rommel. Il a été contacté par les conjurés mais s’est refusé de participer. Par la connaissance qu’il a eu de l’existence d’un complot il a été obligé de se suicider avec droit à des funérailles nationales.
Le livre présente la préparation des attentats organisés par les officiers de la Wehrmacht, son exécution, ses conséquences et comme il a été perçu par les allemands qui, vraisemblablement, soutenaient encore le dictateur.
Ce petit livre est un extrait de la biographie de Hitler par Ian Kershaw, en deux volumes avec presque 4000 pages ou la version résumée avec 1200 pages. Dispensable pour ceux qui préfèrent la biographie. En tout cas, c’est très bien écrit et assez complet.
Citations
(p. 168-169)
Les exécutions racontées par un gardien de prison
Imaginez une pièce au plafond bas et aux murs blanchis à la chaux. Sous le plafond, était fixé un rail auquel pendaient six gros crochets, comme ceux qui utilisent les bouchers pour leurs quartiers de viande. Dans un coin était placée une caméra. La lumière des projecteurs était éblouissante, aveuglante, comme dans un studio. Dans cette étrange petite pièce se trouvaient le procureur général du Reich, le bourreau et ses deux acolytes, deux techniciens chargés de la caméra, et moi. Au mur, une petite table, avec une bouteille de cognac et des verres pour les témoins de l’exécution.
On a fait entrer les condamnés. Ils portaient leur tenue de prisonnier, les menottes aux mains. On les a disposés sur un seul rang. Le regard mauvais, blaguant, le bourreau s’est mis au travail. Il était connue dans son milieu pour son « humour ». Pas de déclaration, pas de religieux, pas de journalistes.
L’un après l’autre, tous les dix y sont passés, chacun à son tour. Tous ont montré le même courage. En tout et pour tout, cela a pris vingt-cinq minutes. Le bourreau ne s’est pas départi de son air narquois et n’a cessé de plaisanter. La caméra a tourné sans interruption, car Hitler voulait voir et entendre comment ses ennemis étaient morts. Il a pu voir la scène le soir même, à la chancellerie du Reich. C’était son idée. Il avait demandé à voir le bourreau, et avait personnellement réglé les détails de la procédure : « Je veux les voir pendus, pendus comme des quartiers de viande. ». Ce sont ses mots
Quatrième de couverture
Le 20 juillet 1944, une bombe éclate au quartier général de Hitler, la » Tanière du loup « . L’instigateur de l’attentat, Claus von Stauffenberg, rentre à Berlin, pour mettre en œuvre le coup d’État qu’il a préparé avec les autres conjurés ; mais la nouvelle que le Führer a survécu fait tout échouer. La » chance du diable a encore frappé et la vengeance de Hitler sera terrible… »
L’opération Walkyrie » a été un coup de tonnerre dans l’histoire du Ille Reich. Il faut se représenter le courage de ces hommes d’honneur, dont le dilemme était terrible : tuer Hitler, c’était décapiter l’Allemagne alors que le pays se trouvait dans une situation critique, menacé de perdre la guerre ; cela signifiait, en cas d’échec, l’accusation de haute trahison, l’ignominie.
Adapté de la biographie que Ian Kershaw spécialiste mondial du nazisme, a consacrée à Hitler, ce livre propose le récit, quasiment heure par heure, de l’attentat et de ses suites. Il éclaire la personnalité des conjurés et détaille le châtiment qui s’est ensuivi à l’aide de documents très peu connus du grand public (rapports de la SS, récit des exécutions, dernières lettres des conjurés avant de mourir…).