Albert Costa – Le cerveau bilingue

Ce livre m’a intĂ©ressĂ© d’abord par le domaine (psychologie, neurosciences) mais aussi parce que je suis concernĂ©. Ma langue maternelle est le portugais. Ma premiĂšre langue Ă©tait l’anglais et vivant en France depuis presque 40 ans, ma langue courante est devenue le français puis assez souvent le portugais et l’anglais de temps en temps.

Dans une conversation avec un copain du temps d’universitĂ©, qui Ă©tait parti au Canada et donc, a eu une petite inversion de langue (portugais, anglais vers anglais, portugais) on parlait de faire du comptage ou du calcul mental. Lui, il faisait toujours en portugais et moi en français. Je simplifie, mais je pense avoir trouvĂ© l’explication dans ce livre. Ça m’a fait presque dĂ©vorer ce livre.

Alors… comment fonctionne le cerveau des bilingues par rapport Ă  celui des monolingues ? C’est le sujet du livre. L’auteur nous mĂšne dans une promenade sur ce qui se fait en recherche dans ce domaine.

Ça commence par les tout petit bĂ©bĂ©s et c’est incroyable que mĂȘme Ă  ce stade du dĂ©veloppement, le cerveau s’habitue dĂ©jĂ  Ă  l’environnement familial, monolingue ou bilingue et les neurologues sont dĂ©jĂ  assez crĂ©atifs pour expĂ©rimenter sans, bien-entendu, ĂȘtre intrusifs. Juste en observant la frĂ©quence avec laquelle ils sucent leur doudou ou par leur regard.

On passe par le contrĂŽle de la langue, c’est Ă  dire, avec quelle langue on va parler Ă  quelqu’un. L’auteur raconte le cas des rĂ©unions en famille (la sienne) avec le catalan et l’espagnol comme langues, mais certains parlent l’une, l’autre ou les deux.

Et on fini par la prise de dĂ©cision, avec des expĂ©riences qui montrent que les dĂ©cisions prises selon que le problĂšme est posĂ© dans la langue maternelle ou en premiĂšre langue ne sont pas toujours la mĂȘme. Ça a un rapport avec la thĂ©orie dĂ©veloppĂ©e par Daniel Kahneman – en langue maternelle, c’est la pensĂ©e rapide alors qu’en premiĂšre langue ce serait plutĂŽt la pensĂ©e lente.

C’est un livre que j’ai lu avec beaucoup de plaisir, si bien que parfois il faut s’accrocher, puisque l’auteur ne se contente pas d’Ă©noncer des rĂ©sultats, il dĂ©crit toujours avec dĂ©tail les expĂ©rimentations pour valider les rĂ©sultats.

Citations

QuatriĂšme de couverture

Plus de la moitiĂ© de la population mondiale est bilingue. Pour le neurobiologiste et le linguiste, c’est un exploit et une Ă©nigme, car le langage humain est une facultĂ© extraordinairement complexe. Comment deux langues peuvent-elles coexister dans un mĂȘme cerveau ? Quels sont les avantages du bilinguisme ? Quelles sont les contraintes qu’il impose ?

Albert Costa partage ici les rĂ©sultats de vingt annĂ©es de recherches. S’appuyant sur des Ă©tudes menĂ©es dans de nombreux pays, il montre comment des nouveau-nĂ©s font la diffĂ©rence entre deux langues, comment l’accent affecte la façon dont nous percevons les autres, pourquoi les bilingues sont meilleurs pour rĂ©soudre les conflits, comment on prend des dĂ©cisions diffĂ©rentes selon la langue utilisĂ©e. Les surprises sont nombreuses : il se pourrait mĂȘme que le bilinguisme ralentisse les manifestations des maladies neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives.

Illustration magistrale des applications des neurosciences et de la linguistique, ce livre alerte et plein d’humour explore les effets du bilinguisme sur le cerveau, les mĂ©canismes de pensĂ©e et le comportement. Il laisse le lecteur Ă©tonnĂ© devant le pouvoir du langage.

Albert Costa, neuropsychologue et linguiste espagnol de l’UniversitĂ© Pompeu Fabra de Barcelone, renommĂ© mondialement pour ses travaux sur le bilinguisme, a disparu brutalement en 2018.