Jean-Charles Bouchoux – Les pervers narcissiques

C’est un livre très intéressant sur les pervers narcissiques qui aborde l’ensemble de ce que l’on peut dire sur le sujet : les traits de personnalité des pervers narcissiques, les sources de la perversion, comment il agit sur leurs victimes ainsi que les effets sur elles, comment contrecarrer un pervers narcissiques et quelques idées sur la reconstruction des victimes après s’en sortir.

Ce qu’il me semble manquant dans ce livre est la différence entre un « narcissique » et un « pervers narcissique ». J’entends souvent des personnes dire avoir vécu avec un pervers narcissique alors qu’en écoutant leur histoire, il ne s’agit pas du tout d’un vrai pervers narcissique mais tout simplement d’un narcissique ou de quelqu’un avec un pathologie autre.

Sur le contenu de ce livre il est utile de signaler qu’il a été écrit par un psychanalyste freudien et ceux qui ne sont pas habitués avec le vocabulaire psychanalytique (moi, surmoi, non-moi, pulsion, …) ou ceux contraires à cette discipline risquent d’être de ne pas apprécier la lecture. Mais c’est une lecture qu’en vaut la peine.

On peut, par ailleurs rappeler que celui qui a publié le premier sur cette pathologie est Paul-Claude Racamier, aussi un psychanalyste. En ce qui me concerne, la plupart des livres intéressants que j’ai trouve concernant ce sujet ont été écrits par des psychanalystes, mais je peux tout à fait avoir tort : c’est un sujet qui m’intéresse mais je ne me considère pas un expert.

A mon avis, même si ce livre est parfois considéré dans la catégorie « développement personnel », je pense qu’il est plus utile aux psychologues qu’au grand public. Et cela pour deux raisons : d’une part par le vocabulaire et d’autre part parce que ceux qui recherchent des livres de développement personnel cherchent surtout des conseils pratiques, alors que ce livre traite aussi d’aspects certes intéressants mais pas tout à fait utiles si on ne cherche que des conseils pratiques. Mais bon, ces parties peuvent être sautées.

Citations

(p.41)

« Le terrain de prédilection, l’instrument majeur de la perversion narcissique… c’est la parole ».
Paul-Claude Racamier

« Le langage est son arme, plus redoutable peut-être que les violences physiques. Il s’en sort pour obtenir l’assujettissement de son partenaire. »
Simone Korff-Sausse

(p. 58)

Si nous pouvons briller en empruntant du narcissisme aux objets qui nous entourent, nous pouvons aussi être créateur de ces objets. […] Aussi, quelqu’un incapable de briller par ses idées, pourrait trouver bénéfice à se railler de celles des autres. De là à se pencher sur la vie de Freud et d’autres penseurs, à y chercher quelques erreurs et parts d’ombre et à s’en prévaloir pour se faire un nom ou dans un esprit mercantile, d’aucuns n’hésitent pas à franchir le pas. Certes, il est intéressant de critiquer une œuvre dans le but de la parfaire et d’aller plus loin (pulsion de vie). Mais salir et ricaner ne mène nulle part. Freud disait qu’il faut tuer son père, mais c’est de son père intérieur qu’il parlait. Castrer le père dans la réalité, le tuer par ses propos est, nous l’avons vu, l’apanage des pervers narcissiques. En tout cas, nous ne trouverons là ni amour ni sagesse et encore moins d’amour de la sagesse. Quant à s’interroger sur pourquoi tant de haine, il me semble que nous devrions laisser ces personnes hurler entre elles, elles ne convainquent que des convaincus. La psychanalyse qui s’intéresse aux conflits, qu’ils soient internes (dans l’Homme) ou externes (dans la société), éclaire depuis plus d’un siècle de nombreux chercheurs, philosophes, politologues, sociologues, historiens etc. La psychanalyse n’a cessé d’avancer et il nous appartient de la critiquer pour la faire évoluer et à mon avis de rester sourds aux critiques stériles qui n’intéressent que ceux qui les divulguent.

(p.91)

Le pervers narcissique a besoin d’une proximité, ses victimes sont donc des proches (un parent, un employeur, un collègue, un conjoint,…). Il peut y avoir d’uatres exemples comme un professeur avec son élève, une relation hiérarchique dans l’armée. Le pervers narcissique a besoin de proximité et d’un lien difficile à rompre : lien de subordination, lien parental, lien filial, ou encore lien amoureux. Il englue sa victime en s’appuyant sur ce lien, sur cette proximité initiale.

Quatrième de couverture

Difficile de reconnaître un « pervers narcissique ». Critique, manipulateur, menteur, séducteur, sa personnalité est multiple et complexe. Plus qu’un portrait-robot exhaustif, Jean-Charles Bouchoux trace ici une cartographie des mécanismes et des origines de la perversion. S’appuyant sur des exemples concrets et des témoignages, il livres les armes pour combattre au quotidien l’emprise de ces manipulateurs. Un message d’espoir pour les uns, un appel à la remise en question pour les autres.