Evgueni Zamiatine – Nous

J’ai remarqué qu’il y a plusieurs versions, et traductions, de cet ouvrage. La mienne est « Nous », collection Babel de « Actes Sud ». La traduction par Hélène Henry.
Je ne suis pas en mesure de juger la qualité de la traduction, par rapport aux autres. J’ai été très intrigué par le fait que l’on voit apparaître, très souvent, deux longs tirets (« –« ) dans le texte. Le plus souvent en fin de phrase. J’ignore la signification vu que, à ma connaissance, ceci ne correspond pas aux conventions typographiques de la langue française.
Cet ouvrage a été écrit en 1920, représente la déception de l’auteur à l’égard de la révolution d’Octobre 1917. Visionnaire, il imagine comment la révolution pourrait créer une dystopie : une société autoritaire où tout sera réglé par l’état (le Bienfaiteur). Ça se passe au siècle XXVI, soit 600 ans dans le futur. Les immeubles seraient en verre et on pourrait tout voir, sauf aux moments où les « Numéros » seraient autorisés à avoir des rapports sexuels, prévus tous les deux jours, à des moments précis et avec des partenaires déclarés auprès des services compétents.
Les auteurs de « Meilleur des mondes » (1931) de Aldous Huxley et « 1984 » (1949) de George Orwell se seraient inspirés de cet ouvrage. En effet, on retrouve une forte ressemblance dans le fil conducteur des récits.
Il est intéressant de voir comment ils voyaient, à leur époque, les objets technologiques du futur.
L’ouvrage est intéressant, mais j’ai aimé plus « 1984 » que celui-ci, mais il reste intéressant puisque précurseur.
En fait, les trois ouvrages constituent une réflexion sur ce que peut générer une idéologie dans laquelle tout serait contrôlé par l’État et, en tant que tel, ces trois livres pourraient être classés dans la catégorie d’essai en politique.
Citations
Quatrième de couverture
Dans une société assujettie au bonheur infaillible et obligatoire, alors que la “dernière” de toutes les révolutions possibles a eu lieu, les hommes, enfermés sous une cité de verre, sont devenus des “Numéros”. Ceux-ci paient de leur vie le moindre écart à l’ordre établi contre lequel, malgré tout, une poignée de dissidents va s’insurger.
D-503, constructeur de l’ »Intégrale », un vaisseau spatial qui a pour mission de ranger les civilisations extraterrestres sous la férule du “Bienfaiteur”, y tient un journal à la gloire de ce monde aseptisé et y consigne les débuts d’une insurrection qui va peu à peu le transformer.
Anti-utopie prophétique qui anticipe toutes les glaciations du XXe siècle, « Nous » est considéré comme le premier chef-d’œuvre de science- fiction, celui qui inspirera « 1984 » de George Orwell et « Le Meilleur des mondes » d’Aldous Huxley. Cette nouvelle traduction, la première à être fidèle à l’original, vise à faire entendre, dans les mots, cet appel tragique : on a toujours raison de se révolter.
Né en 1884, Evgueni Zamiatine a commencé à publier dans les années 1910. Partisan de la révolution de 1917, autorisé à l’exil par Staline en 1931, il meurt à Paris en 1937. Traduit à l’étranger et circulant sous le manteau dans son pays, « Nous » ne sera jamais édité en russe du vivant de son auteur.
Non étudié en Russie, mais cela n’est pas une nouveauté en soi quand on a été répudié par le régime et qu’on n’est pas un classique, sa performance d’écrivain de SF laisse plutôt froid le public des frimas. On a bien conscience en tout cas que cela intéresse les occidentaux férus de ce genre d’ouvrage. De formation scientifique, ingénieur naval, il va petit à petit quitter le réel, déçu par la révolution, et se destiner à la littérature fantasmatique introduite dans son esprit par Wells. Son heure de gloire en Russie sera là, mais à la fois la censure tsariste et la censure soviétique vont faire de lui un paria obligé de quitter le pays, et ne sera plus de son vivant en odeur de sainteté à cause de l’affront audacieux qu’il mène aux soviétiques. Sa notoriété, il la bâtira en Occident où sa dérision légendaire prendra corps et où il deviendra une référence en matière de SF comme on sait ..