Pascale Cossart – Virus contre bactéries
Une solution pour vaincre l’antibiorésistance
« Un antibiotique… ce n’est pas automatique ! »
Qui ne se souvient de cette phrase d’une publicité initié vers 2002 ? Le but était de sensibiliser la population sur le fait qu’il ne faut prescrire et utiliser des antibiotiques que si vraiment nécessaire. Les maladies ne se soignent pas toutes avec cette catégorie de médicament.
Ce livre traite du problème de l’acquisition, par les bactéries, de la résistance aux antibiotiques et présente comme solution l’utilisation de virus, les phages, technique en étude depuis plusieurs années. L’utilisation, excessive ou pas, fera qu’un jour, les antibiotiques ne seront plus efficaces dans le traitement de maladies causées par des bactéries.
Le sujet est traité avec des points de vue à la fois historique, biologique et légal (l’état actuel de l’autorisation de ce type de traitement).
L’autrice nous explique le principe des antibiotiques, comment ils s’attaquent aux bactéries et comment elles deviennent résistantes et comment cette résistance peut être mitigée.
Le premier antibiotique (la pénicilline) a été effectivement découvert en 1928 par Alexander Fleming, alors que les bactériophages, ou simplement phages, ont été découverts en 1917 par Félix d’Herelle (attribué). Le développement des antibiotiques a été privilégié par rapport aux phages parce que les antibiotiques ont un spectre bien plus large que les phages. Pour traiter une maladie avec des phages, il faut un phage spécifique à la bactérie en cause, ou alors un cocktail de phages. Les antibiotiques ont été largement développés à partir du début de la deuxième guerre, ce qui a causé l’arrêt des recherches sur les phages. Ces recherches ont été reprises depuis quelques décennies comme un possible remplacement des antibiotiques.
L’utilisation des phages est encore très encadrée et limitée à des situations compassionnelles par manque encore d’essais de validation suffisants. La fin de l’ouvrage présente la situation dans différents pays.
L’autrice s’est lancé dans un défi d’écrire un livre lisible par tous, y compris des médecins. Donc, un équilibre devrait être trouvé pour être compréhensible par tous sans devenir ennuyeux pour les professionnels médicaux. A mon avis, une connaissance préalable minimale en cytologie et dans le fonctionnement des bactéries et virus serait vraiment un plus, si bien que pas indispensable. Un défi difficile à réaliser, mais je pense que c’est assez réussi.
Finalement, c’est un livre dont le sujet doit intéresser à tous.
Citations
Quatrième de couverture
Depuis près d’un siècle, les antibiotiques nous protègent contre les maladies parfois très graves causées par les bactéries. Mais de multiples résistances apparaissent. Que ferons-nous lorsque les bactéries seront devenues insensibles à tous les antibiotiques disponibles ? Ce n’est pas un horizon lointain : Pascale Cossart souligne dans ce livre que l’antibiorésistance est déjà une épidémie silencieuse qui menace de devenir une pandémie. Il faut réagir.
C’est pourquoi elle soutient le retour à une technologie éprouvée. Car il existe un autre moyen de détruire les bactéries, en utilisant des virus qui les infectent : les bactériophages. Ils ont été découverts en 1917 par Félix d’Hérelle, un biologiste français qui les a utilisés pour lutter contre des infections bactériennes. Mais les antibiotiques ont rapidement pris toute la place en raison d’un spectre d’action plus large. Le développement inquiétant de l’antibiorésistance a conduit à s’intéresser à nouveau aux bactériophages, qui créent moins de résistances et possèdent beaucoup d’autres atouts.
Pascale Cossart en fait ici une présentation originale. Elle explique les mécanismes qui leur permettent de détruire les bactéries, ouvrant des perspectives nouvelles pour une médecine personnalisée. Les bactériophages apparaissent comme une source de traitements efficaces devant le déclin de l’antibiothérapie.
Un livre qui s’adresse à tous, patients, médecins, étudiants, parents, et qui apporte une solution prometteuse face à une menace mondiale.
Pascale Cossart, professeure émérite à l’Institut Pasteur, titulaire de nombreux prix internationaux, est secrétaire perpétuelle honoraire de l’Académie des sciences. Ses travaux pionniers ont porté sur l’élucidation des stratégies des bactéries pathogènes intracellulaires – en particulier Listéria – et sur les mécanismes de régulation.
Elle a publié, aux éditions Odile Jacob, La Nouvelle Microbiologie. Des microbistes aux CRISPR et Le Monde Invisible du vivant (illustré par Fabrice Hyber).
« Un antibiotique… ce n’est pas automatique ! »