Bruno Latour, « Où suis-je ? »
Déception !!!
J’ai toujours apprécié les écrits de Bruno Latour – son expérience de vie de laboratoire et ses travaux en Sociologie de l’Innovation et le « Controverses ». Mais ce livre m’a partiellement déçu.
Pourtant, il a bien commencé. La comparaison de l’état où nous nous trouvions tous au début de la pandémie – comparable à la surprise de Grégor Samsa, le personnage principal de « Métamorphose » de Kafka. Ce ne sont pas des situations comparables dans le fond, mais l’intensité de la surprise, oui.
La déception vient dans la deuxième partie, où Bruno Latour parle de sa pensée écologique.
J’ai bien aimé sa façon de penser l’écologie : son modèle de « croûte » de la planète.
Je n’ai rien contre le militantisme écologique mais je trouve que le moment n’est pas approprié pour faire du militantisme. L’écologie est un sujet qui nous touche tout, mais ce n’est pas du tout démontré que les changements proposés par Bruno Latour soient utiles dans la prévention de nouvelles épidémies.
Par ailleurs, Marc Fontecave, professeur au Collège de France, démontre dans son livre « Halte au Catastrophisme ! » (page 75) que les idées de Bruno Latour ne sont pas réalisables. Bruno Latour les présente dans une tribune parue dans le journal Le Monde du 20 mars 2020 : ne plus prendre l’avion, limiter ses déplacements à 2000 km/an, développer la cuisine végétarienne, limiter les achats neufs, au strict minimum, … Bref, si on veut parler d’écologie… oui, la décroissance sera, à mon humble avis, inévitable, mais ne mélangeons pas les choses.
Dans le même genre, mais pire, on trouve le livre de Edgar Morin, “Changeons de voie” , où il propose rien de moins que l’implantation du communisme au niveau mondial. Celui là, oui, je pense qu’il s’agit vraiment d’un contenu déplacé.
Les deux parties de son livre me semblent intéressantes, mais établir une liaison directe entre la pandémie et une démarche écologique, déjà, alors que la pandémie n’est pas encore finie et que la connaissance scientifique n’est pas encore bien solidifiée, me semble téméraire.
Bref, ne mettons pas la charrue devant les bœufs.
Quatrième de couverture
Depuis la terrible expérience du confinement, les États comme les individus cherchent tous comment se déconfiner, en espérant revenir aussi vite que possible au « monde d’avant » grâce à une « reprise » aussi rapide que possible. Mais il y a une autre façon de tirer les leçons de cette épreuve, en tout cas pour le bénéfice de ceux que l’on pourrait appeler les terrestres. Ceux-là se doutent qu’ils ne se déconfineront pas, d’autant que la crise sanitaire s’encastre dans une autre crise bien plus grave, celle imposée par le Nouveau Régime Climatique. Si nous en étions capables, l’apprentissage du confinement serait une chance à saisir : celle de comprendre enfin où nous habitons, dans quelle terre nous allons pouvoir enfin nous envelopper – à défaut de nous développer à l’ancienne ! Où suis-je ? fait assez logiquement suite au livre précédent, Où atterrir ? Comment s’orienter en politique. Après avoir atterri, parfois violemment, il faut bien que les terrestres explorent le sol où ils vont désormais habiter et retrouvent le goût de la liberté et de l’émancipation mais autrement situées. Tel est l’objet de cet essai sous forme de courts chapitres dont chacun explore une figure possible de cette métaphysique du déconfinement à laquelle nous oblige l’étrange époque où nous vivons.