Pierre-André Taguieff – Hitler, les Protocoles des Sages de Sion et Mein Kampf

Une des sources d’inspiration d’Adolf Hitler

Le nazisme et le complotisme…

Il est question ici du livre « Protocoles des Sages de Sion », un faux créé autour de 1905 par le service secret russe. Ce livre décrit des conférences imaginaires entre trois cents sages juifs au sujet d’un plan de domination mondiale par les juifs.

Bref, rien de moins qu’une théorie complotiste.

Le livre de Pierre-André Taguieff parle de l’influence qui a eu les « Protocoles » sur l’écriture de Mein Kampf et l’après ; la théorie (l’idéologie hitlérienne) et la pratique (l’idéologie nazie).

Pour simplifier, le nazisme a trois volets : la purification de la race aryenne, son expansion (conquête d’un espace vital) et l’élimination du peuple juif.

Les historiens se sont penchés sur le problème jusqu’à quel point Hitler s’est inspiré des Protocoles pour créer sa « vision du monde » ou s’il a considéré les « Protocoles » juste comme une confirmation de ce qu’il savait déjà ou si c’est les deux. Taguieff nous éclaire sur ce point.

Sauf lorsqu’il devient nécessaire, Taguieff ne rentre pas dans le détail du contenu de ces deux oeuvres. Son but est plutôt de décrire comment les choses se sont enchaînées.

La conclusion de ce livre, et c’est là que le sujet du livre reste d’une incroyable actualité, est qu’il nous montre comment une théorie complotiste a été à l’origine de quelque chose qui a changé (bousculé est un mot plus approprié) le monde et l’humanité plus que n’importe lequel événement des derniers siècles. Et ceci d’autant plus que les fake news et des nouvelles théories complotistes ne cessent pas d’apparaître.

Le livre est très bien documenté par plusieurs centaines de notes et des références.

Quatrième de couverture

Lorsqu’il découvre les Protocoles des sages de Sion, début 1920, Hitler ne doute pas qu’il se trouve en présence d’un document révélant le programme secret des hauts dirigeants juifs, visant à devenir les maîtres du monde. Sa lecture du faux lui donne de surcroît un modèle d’interprétation de la révolution bolchevique, qu’il attribue aux Juifs.

À partir du printemps 1920, se forme ainsi dans son esprit le mythe répulsif du « bolchevisme juif » à la conquête du monde, qui s’ajoute à la représentation préexistante du Juif comme maître de la finance internationale.

Pour Hitler, lire les Protocoles, c’est apprendre à connaître les Juifs, comprendre les buts qu’ils poursuivent ainsi que leurs stratégies et leurs tactiques. C’est aussi expliquer la marche du monde par ses causes cachées. Les lire, c’est enfin se protéger contre « le Juif », voire commencer à gagner le combat contre l’ennemi absolu en se montrant capable de démonter ses mensonges et de déjouer ses manœuvres : « Le jour où il sera devenu le livre de chevet d’un peuple, le péril juif pourra être considéré comme conjuré. »

Jusqu’en 1939, les Protocoles seront utilisés par les services de propagande du Troisième Reich et les thèmes conspirationnistes empruntés au faux auront structuré définitivement, dès le moment de sa formation, l’idéologie nazie.