Jack El-Hai – Le nazi et le psychiatre

Douglas Kelley est un officier, militaire, américain chargé d’établir le profil psychologique des accusés nazis lors du procès de Nuremberg. L’auteur n’est pas lui mais Jack El-Hai, un historien qui s’est plongé dans les dossiers de ces entretiens.

Au contraire de ce que laisse entendre le titre, on parle beaucoup de Goëring, mais pas que de lui. On parle des autres accusés et aussi de la suite pour Douglas Kelley, qui s’est donné la mort 12 ans après, avec le même procédé que Goëring.

Vu le nombre d’accusés interviewés par le psychiatre, on pourrait imaginer un peu plus de détails et même l’avis personnel du psychiatre. du fait que ce soit écrit par un historien, on a une vue extérieure. Quoi qu’il en soit, la lecture reste intéressante.

Aussi intéressant doit être « Les entretiens de Nuremberg » par Leon Goldensohn (que je n’ai pas encore lu) un autre psychiatre avec la même mission. Mais dans ce cas, l’auteur du livre est le psychiatre lui même.

Citations

« Les tests ne montraient pas ce que nous nous attendions à voir, et que l’opinion publique exigeait ardemment que nous voyions, à savoir que ces hommes étaient des monstres, des déments, aussi différents des hommes ordinaires qu’un scorpion l’est d’un chiot. »

 

Le fait est que le suicide de Göering prend Kelley par surprise. (…) Pour Kelley, ce suicide n’est pas un acte lâche. Au contraire, « il démontre son intelligence et son ingéniosité », explique le psychiatre aux reporters, et son « dernier geste dame le pion à toute l’armée américaine. Pour un esprit allemand, cet acte est clairement héroïque et il devient ainsi la quatrième grande figure nazie suicidée après Hitler, Himmler et Goebbels ». Si tous les hauts dignitaires nazis ont échappé au déshonneur de la pendaison, pourquoi pas Göering ?

Quatrième de couverture

Ils n’étaient pas des monstres, mais bien des hommes. Ils n’étaient pas atteints de démence, ils ont perpétré l’horreur en toute conscience. Pour être jugés lors du procès de Nuremberg, ils devaient d’abord être déclarés sains d’esprit.

Cette analyse revient à Douglas Kelley, jeune psychiatre américain. Parmi les hauts dignitaires nazis, il va longuement s’entretenir avec Hermann Göring. Bien plus longtemps que ne lui impose sa mission. Le mal a cela de terrible qu’il fascine. Et y noyer son regard, c’est lui ouvrir la porte…

L’historien Jack El-Hai s’est plongé dans les archives de ces analyses et entrevues. Une descente captivante dans les abîmes de l’humanité.