Frédéric Lenoir – Le Désir, une philosophie
C’est un livre très intéressant dont la lecture en vaut la peine, même si j’ai quelques remarques négatives.
La lecture de ce livre m’a donné l’impression que l’auteur s’est inspiré du livre « Le Bug Humain » de Sébastien Bohler, maintes fois mentionné tout au long du livre.
L’intérêt de ce livre est qu’il démontre que l’insatiabilité du désir humain ne se limite pas aux dégâts écologiques et c’est un fait connu depuis très longtemps. Les philosophes grecs, Platon et Aristote en parlaient déjà. Les neurosciences n’ont fait qu’expliquer, très récemment, le mécanisme neuronal de tout cela.
Maintenant mes critiques négatives. Je suis assez sévère, mais il le faut.
J’ai été assez choqué par un paragraphe à la page 225 où il dit : « Ce phénomène s’observe jusque dans la démarche scientifique. Il a pour nom « le biais de confirmation d’hypothèse » : des chercheurs interprètent de manière erronée des faits car ils ne voient que ce qui va dans le sens qu’ils attendent et mettent – le plus souvent inconsciemment – de côté le reste ». Faisant partie de cette population, je me sens insulté. Ceci est l’exception et pas la règle. Et ça peut arriver dans n’importe lequel domaine, en particulier dans les domaines où il peut avoir du militantisme : sociologie, économie, philosophie ou écologie, où cela arrive souvent intentionnellement. Tous les chercheurs ont des positions politiques, mais méfiez vous de ceux qui font aussi du militantisme.
Dans le même paragraphe il dit : « C’est parce que j’ai un très grand désir de vérité que je serai capable de dépasser mes autres désirs, mes opinions et mes croyances, et de les soumettre objectivement à la vérité des faits et du réel. C’est même le fondement même de la démarche philosophique, dont la vérité est la norme ».
En ce qui concerne la philosophie, on peut se référer au livre d’Alan Sokal : Impostures intellectuelles, où il dédie deux chapitres à deux philosophes de renom : Gilles Deleuze et Bruno Latour. Donc, la philosophie est un domaine scientifique comme n’importe lequel autre, où des humains commettent des erreurs.
Frédéric Lenoir s’est largement inspiré du livre « Le Bug Humain » de Sébastien Bohler. Or, à mon avis, il s’agit d’un livre de militantisme anticapitaliste et écologiste déguisé en vulgarisation scientifique. Je n’ai rien contre ce militantisme, mais cette façon de faire contrarie mes valeurs d’éthique. Bohler a, en effet, soutenu une thèse dans ce domaine en 2000, mais s’est tout de suite reconverti dans le journalisme. Le contenu de son livre est contesté par des vrais chercheurs (voir la page Wikipédia de Sébastian Bohler et ma critique de son livre). On peut se demander pourquoi F. Lenoir n’a pas utilisé des vrais livres du domaine de neurosciences, écrits par des vrais chercheurs comme référence pour son livre de la catégorie essai en philosophie.
Dans le chapitre 3 de la troisième partie : Cultiver l’élan vital et se sentir pleinement vivant. Il critique durement le gouvernement pour avoir privilégier « la vie » au lieu de « la liberté » : les masques, le passe, … Or, ceci n’est pas une vérité philosophique comme il parle, mais juste une opinion personnelle. Son opinion personnelle a été mise en œuvre au Brésil, par Jair Bolsonaro, et le résultat a été de 690 mille morts dans un pays où la pandémie a été moins agressive qu’en France. Au Brésil, j’ai perdu un neveu de 45 ans sans problème de santé, une sœur aussi presque partie, un ami et des proches des amis. Les brésiliens seraient heureux d’avoir un gouvernement comme celui en France. Ses propos sont, à mon humble avis, juste irresponsables.
Par ailleurs, Frédéric Lenoir est connu comme un des complotistes antivax. Voir :
- Conspiravy Watch – Frédéric Lenoir épinglé pour ses propos controversés sur la vaccination
- Frédéric Lenoir, philosophe engagé … sur une pente glissante
C’est intéressant de constater qu’à la fin de son livre il critique Donald Trump et son réseau de désinformation et complotisme alors qu’il fait pareil.
La lecture de la page Wikipédia de l’auteur mérite un détour. Finalement cet auteur est un autre de ceux qui après avoir soutenu une thèse de doctorat gagnent leur vie avec la vente de livres, de conférences, du journalisme, sans réellement pratiquer, en tant que chercheur, la formation qu’il ont eu.
Citations
Quatrième de couverture
Désirer vivre, ce n’est pas simplement être en vie. C’est nous laisser entraîner par l’élan vital qui nous conduit à créer, à aimer, à nous dépasser. C’est cultiver la puissance du désir qui est le moteur de nos existences. Pourtant, au quotidien, nous ressentons de nombreuses limitations – « Je ne suis pas capable », « C’est trop risqué », « Ce n’est pas pour toi » – qui nous inhibent. Nous sommes souvent aussi prisonniers des pulsions de notre cerveau primaire, le striatum, et de la propagande consumériste qui nous poussent à acquérir toujours plus. Comment cultiver la force du désir sans tomber dans le piège de l’insatisfaction permanente ou du mimétisme social ? Comment développer notre puissance vitale sans nous autocensurer ? Comment apprendre à orienter nos désirs vers des choses, des activités ou des personnes qui nous font grandir et nous mettent dans la joie ?
De Platon à René Girard en passant par Bouddha, Aristote, Épicure, Spinoza, Nietzsche, Jung ou Bergson, Frédéric Lenoir revisite les grands penseurs du désir pour nous proposer un livre lucide et vibrant, incarné dans nos problématiques les plus actuelles. Un ouvrage accessible à tous, qui aide non seulement à vivre, mais à vivre aux éclats.