Lee Miller – Saint-Malo assiégée : août 1944

C’est le livre de l’exposition Lee Miller – Le siège de Saint-Malo, à Saint-Malo, en 2024. Ce livre est plus qu’un catalogue de photos, il a une histoire.

Lee Miller a passé quatre jours à Saint-Malo, en tant que photo-reporter, les jours de la libération de la ville, des jours de combats acharnés entre les forces de libération et les forces nazies après le débarquement des forces alliées en 1944.

Après la mort de la photographe, fouillant le grenier de la maison à la recherche de photos de son mari, enfant, sa belle fille a trouvé une boîte avec un texte et des très nombreuses photos. C’était le texte et les photos qu’elle avait préparées pour être publiées par la revue Vogue. En fait, le texte n’a été publié qu’en partie. Nous trouvons ici l’intégralité de son reportage et un nombre limité de photos. Ce livre contient une petite partie des photos prises par Lee Miller.

En plus du récit des combats, ce texte parle aussi des conditions de travail d’un photo-reporter de guerre, à l’époque.

Lee Miller a couvert plusieurs théâtres de la deuxième guerre. Il y a une photo d’elle qui est devenue iconique – une photo sur laquelle elle se lavait dans la baignoire de Hitler au Berghof. Une photo dont le sens, on ne se rend pas compte dans le feu de l’action.

Pour le contexte, Lee Miller est née en 1907 aux États-Unis, a travaillé pendant quelque temps comme modèle et est venue en France à la fin des années 1920 pour apprendre la photo avec Man Ray, avec qui elle a eu une relation personnelle qui n’a duré peu d’années. Elle retourne à New York, ouvre son propre studio et se marie avec un homme d’affaires égyptien, un couple improbable, qui se sépare peu de temps après. Puis, avec la guerre, elle s’est retrouvé en tant que correspondante de guerre. A la fin de la guerre, elle s’est marié avec Roger Penrose, un écrivain surréaliste anglais avec qui elle avait déjà eu une relation avant la guerre.

Après la guerre, elle ne fait de la photo que de façon sporadique, préférant se dédier à la gastronomie. Elle décède en 1977 d’un cancer.

C’était une sacrée femme. Son fils, Anthony Penrose, a écrit une biographie « Les vies de Lee Miller », livre que j’ai lu il y a une vingtaine d’années et que je recommande si on a envie de connaître un peu mieux son parcours.

Citations

(p. 9)

Quelques jours après la mort de Lee, ma femme, Suzanna, aujourd’hui décédée, monta dans le grenier de Farley, notre maison de famille, à la recherche de photos de moi bébé pour les comparer à Ami, notre première fille. Elle redescendit avec quelques minces feuilles dactylographiées. « Je crois que tu devrais lire ça », dit-elle. Ce fut un moment qui bouleversa notre existence. Dans ces pages, je découvre ce récit incroyablement personnel, très bien observé et passionnant du siège se Saint-Malo. Le texte n’était pas signé. Je crus que c’était l’œuvre d’un quelconque reporter aguerri du magazine Life, mais mon père, Roland Penrose, retrouva un vieux numéro du Vogue anglais. Il avait là son reportage intitulé : « Saint-Malo… le siège et l’assaut… par Lee Miller, de Vogue… seule photographe et reporter sur place, présente sous les tirs ».

Quatrième de couverture

«Unique photographe à des kilomètres à la ronde, je possédais maintenant ma guerre personnelle.»

Débarquée à Omaha Beach le 12 août 1944, Lee Miller arrive à Saint-Malo le lendemain. Chargée d’un reportage sur les Affaires civiles, elle trouve la ville assiégée. Armée de son Rolleifleix et d’un plan du syndicat d’initiative datant de 1939, elle est la seule photo-reporter à couvrir les violents combats qui conduiront à la libération de Saint-Malo. Elle photographie les réfugiés, vient en aide aux civils, pénètre dans la vieille ville dévastée et assiste à l’assaut final de la citadelle d’Alet, à son bombardement au napalm et à la reddition allemande.Son reportage, texte et photos, à l’époque partiellement interdit de publication dans le magazine Vogue, constitue un témoignage exceptionnel.