Jean-Marc Dreyfus – L’affaire Petiot et la Shoah

Le médecin Marcel Petiot ! Probablement, avec Landru, le tueur en série le plus connu du XXème siècle

Il a commit ses forfaits pendant l’occupation allemande, entre 1942 et 1944. Ses victimes étaient, pour la plupart, des Juifs voulant quitter la région parisienne ou la France pour échapper à une possible déportation par les Allemands. Il leur proposait de l’aide, grâce à un supposé réseau de passeurs, pour quitter Paris et la France vers l’Argentine. Les victimes devraient se rendre à son cabinet au 21, rue Sueur, à Paris, où ils devaient passer une ou deux journées, pour être vaccinés, puis partir. Bien sûr, avec ses affaires, de l’argent et tous ses biens. Puis ils disparaissaient…

Le 11 mars 1944, les voisins ont appelé les pompiers suite à des odeurs pestilentiels venant de son cabinet. Les pompiers ont trouvé, d’une part, un tas de morceaux de corps humains et, d’autre part, une fosse dans le garage avec de la chaud et des bouts de corps humains en état de décomposition. Le médecin légiste n’a réussi à recomposer 10 corps plus 1 torse féminin, tous sans identification possible dû à l’état avancé de décomposition. D’autres morceaux de corps ont été repêchés de la Seine.

Il a été jugé par l’assassinat de 27 personnes, en 1946, condamné et exécuté. Il n’a jamais reconnu ces faits dont il était accusé, mais a volontairement avoué le meurtre de 63 autres personnes, dont on n’a jamais connu l’identité, soit disant parce que c’étaient des collaborateurs. Il se disait faire partie de la résistance.

 

Le livre raconte l’historique de l’affaire, dès l’enfance de Petiot, puis sa vie en Bourgogne en tant que Maire de Villeneuve sur Yonne, ses frasques et ses déboires. Et son activité à Paris, en tant que médecin et en tant que tueur en série.

Il reste un certain nombre d’ombres dans l’affaire, que l’auteur a essayé de donner une réponse, sans succès. Ces doutes n’ont jamais été éclairés et ne seront sûrement jamais. On ne sait toujours pas comment les victimes étaient tuées, même s’il y en a des hypothèses mais aucune validée définitivement.. On ne sait pas ce qu’est devenu le butin estimé à 50 millions de francs de l’époque. On ne sait pas s’il avait des complices et s’il avait de l’aide pour les meurtres. Une dizaine de personnes ont été mises en examen mais ils ont tous bénéficié de non-lieux et laissé en liberté. Finalement, le mobile était probablement l’argent des victimes, mais cela n’a jamais été établi formellement.

On ne peut pas vraiment dire qu’il était antisémite et le lien que l’on pourrait trouver avec la Shoah c’est l’hypothèse comme quoi les victimes étaient tuées dans une pièce de son cabinet qui pourrait fonctionner comme chambre à gaz.

Dans un ouvrage décrit par un autre historien, Claude Quétel, l’auteur défend la thèse que Marcel Petiot était fou et, par conséquent, n’aurait pas dû être jugé. Il se base sur des périodes où il a été interné dans des hôpitaux psychiatriques et dans son comportement invraisemblable à certaines occasions, en particulier pendant son procès.

C’est un livre très intéressant qui permet de bien comprendre l’affaire. La lecture du livre de Claude Quétel pourrait compléter celle-ci.

Citations

(p. 200)

Plus poétiquement, Petiot aurait clamé devant l’échafaud, alors qu’on lui demandait encore s’il avait quelque chose à dire : « Je suis un voyageur qui emporte ses bagages ». Une référence à la pièce de Jean Anouilh, « Le voyageur sans bagages », ou peut-être aux derniers mots de Landru « Cela, maître, c’est mon petit bagage ».

(p. 206)

En 1959, Georges Massu publia ses souvenirs de l’affaire Petiot. L’ouvrage parut chez Fayard, l’éditeur de Georges Simenon, dans un format de poche. Il a la couverture d’un Maigret, dont il imite d’ailleurs le style : « C’était il y a quatorze ans… Pourtant, je me souviens de ce coup de téléphone comme si le grésillement de la sonnerie résonnait encore aujourd’hui à mes oreilles. Après une journée sans histoire – il en est au Quai des Orfèvres comme partout ailleurs, quoi qu’en disent les auteurs de romans policiers – une journée à revoir des dossiers et à classer des affaires courantes, j’étais rentré chez moi (…) Il était presque 22 heures quand retentit la sonnerie du téléphone. Je venais de me coucher. (…) — Allô !… C’est vous patron ? Ici le secrétaire de permanence de la P.J. Il s’agit de plusieurs cadavres découverts dans un hôtel particulier du seizième. Je ne peux pas vous en dire plus. Rappelez-moi le plus vite possible par l’automatique. Je vous envoie la voiturette. »

Quatrième de couverture

Surnommé « Docteur Satan », Marcel Petiot est l’un des pires tueurs en série du XXé siècle – il est l’auteur d’au moins 26 assassinats dans le Paris occupé. Il fut condamné à mort et exécuté au printemps 1946, à la suite d’un procès qui enflamma tout le pays. Mais qui était-il vraiment et que sait-on de ses victimes ? Comment le docteur Petiot a-t-il mis en œuvre son plan machiavélique pour attirer ses proies, les tuer, puis se débarrasser des corps ?

L’historien Jean-Marc Dreyfus reconstitue avec minutie ce chapitre de l’histoire de France. Au-delà des révélations sur le parcours des personnes assassinées et sur les méthodes de Petiot, cette enquête replace cette tragédie dans son contexte, celui de l’Occupation. La majorité de ses victimes étaient juives, et même si les juges ont voulu éviter de faire du procès Petiot un procès politique, c’est bien dans cette cour d’assises que la persécution des Juifs de France a été décrite au grand public pour la première fois.

Passionnant livre d’histoire, « L’affaire Petiot et la Shoah » se lit également comme un thriller où la vérité dépasse la fiction. Grâce à une narration palpitante, Jean-Marc Dreyfus nous raconte la vie de Marcel Petiot et les horreurs qui se sont déroulés dans son hôtel particulier du XVIe arrondissement de Paris, entre 1942 et 1944.