Georges Didi-Huberman, “Écorces”

Ce que l’on peut ressentir lors d’une visite à Auschwitz.

C’est un petit livre formidable, que j’ai lu après “Des images malgré tout” du même auteur, écrit une dizaine d’années avant celui-ci. Si bien que pas indispensable, cette lecture m’a permit de comprendre un peu plus l’esprit dans lequel Georges Didi-Huberman a écrit ce livre.

Dans “Images malgré tout” Didi-Huberman analyse, en tant que philosophe et historien d’art et avec plusieurs points de vue, des photos prises par les SonderKomando dans le camps d’Auschwitz, dans le but de démontrer à l’extérieur ce qui se passait la dedans. L’écriture de ce livre ayant probablement pris des années de réflexion et de recherches lui ont certainement permit de comprendre le sens – avec des points de vue philosophique, historique ou artistique – de ce qui a été la Shoah, au delà du point de vue personnel que nous pouvons tous en avoir.

Ceci dit, « Ecorces » est le récit de la visite faite par l’auteur en cet endroit qu’il avait déjà tant étudié. Il recherche, dans les images qu’il a vu avec ses yeux, des signes de ce qui s’est passé 70 ans auparavant. Ecorces fait référence à l’écorce des arbres, encore présentes, et qui ont, peut-être, pu témoigner les atrocités du lieu. Bien sur, il ne manque pas de vérifier par lui même les conditions de prise de vue des photos analysées dans « Des images malgré tout ». Et ne se prive pas de commenter l’ambiance touristique présente actuellement dans le camp.

Parmi les photographies ajoutées à ce livre il y a une particulièrement significative. Il photographie un oiseau de l’autre côté du barbelé, lui à l’intérieur. L’oiseau était de l’autre côté, libre. Et lui, était à l’intérieur, à la place qui aurait été celle de quelqu’un, 70 ans auparavant, à regarder un oiseau, libre.

Les deux livres valent à peine d’être lus, par tous ceux qui s’intéressent soit à la Shoah elle même, soit aux aspects philosophiques des images.

Quatrième de couverture

C’est le simple « récit-photo » d’une déambulation à Auschwitz-Birkenau en juin 2011. C’est la tentative d’interroger quelques lambeaux du présent qu’il fallait photographier pour voir ce qui se trouvait sous les yeux, ce qui survit dans la mémoire, mais aussi quelque chose que met en œuvre le désir, le désir de n’en pas rester au deuil accablé du lieu. C’est un moment d’archéologie personnelle, une archéologie du présent pour faire lever la nécessité interne de cette déambulation. C’est un geste pour retourner sur les lieux du crématoire V où furent prises, par les membres du Sonderkommando en août 1944, quatre photographies encore discutées aujourd’hui. C’est la nécessité d’écrire, donc de réinterroger encore, chacune de ces fragiles décisions de regard.