Mikella Nicol – Mise en forme

C’est le témoignage d’une phase de la vie de l’autrice : la fin d’une relation et la reconstruction. Elle a trente ans.

Le livre commence par la fin d’une relation. L’autrice part de chez elle et son ex et va s’installer provisoirement chez son amant, qu’elle nomme par l’initiale “G.”. Il n’est pas dit s’ils étaient déjà des amants ou si c’est à partir du jour de la séparation qu’ils commencent une relation. Quelque temps après elle emménage dans un lieu à elle.

La première préoccupation est de se refaire physiquement pour se présenter à nouveau dans le marché des femmes seules à la recherche d’une nouvelle relation. Le fitness est la solution qui se présente. Assez rapidement elle se rend compte que ce n’est pas la meilleure solution et que c’est plutôt du business et que cela peut se ranger dans la même catégorie que le développement personnel ou la psychologie positive.

A côté de cela apparaissent d’autres sujets liés à la reconstruction, presque du genre retrouver le sens de la vie.

Le couple fait un voyage à New York, où elle raconte quelques déboires liés à sa condition de femme. Puis un voyage seule au Portugal. Quelque temps après ils emménagement ensemble. A la fin du livre, le couple se sépare et elle n’a pas réussi à se reconstruire et trouver un but.

Le problème de reconstruction après une séparation existe aussi chez l’homme, mais elle n’en parle pas. Il y en a, aussi bien des hommes comme des femmes, qui lors d’une séparation se donnent la peine de réfléchir sur les causes et comment faire pour que ça aille mieux dans la prochaine relation. D’autres ne font que se dire que c’est juste un accident et, hop, on passe au suivant.

Le livre oscille entre témoignage et essai sans être complètement ni l’un ni l’autre. En tant qu’essai, il me semble qu’elle ne prend pas assez de distance. Mais on doit reconnaître que l’autrice a fait des recherches, avec plusieurs références bibliographiques, dans celle qui se répète souvent est le livre “La beauté fatale” de Mona Cholet. Il est question aussi de féminisme et de la condition de la femme. Mais à force de vouloir traiter plusieurs aspects, ils restent tous assez superficiels.

En tant que témoignage, ça reste léger. Peut-être qu’elle donne trop de place à ses réflexions et quasiment pas à ce qu’elle a vraiment vécu, à l’exception du voyage à New York et a son voyage au Portugal. Rien est dit sur sa relation avec G. La séparation est juste mentionné en une phrase dans les conclusions du livre.

Bref, je suis resté sur ma faim.

Je remercie Babelio et l’éditeur “Le nouvel Attila” pour l’opportunité de connaître cet auteur.

Citations

(p. 45-46)

En 2018, la plateforme YouTube répertoriait quelque neuf millions de chaînes actives sous le thème “santé et fitness”. Les influenceurs se sont emparés du marché, rebaptise “industrie du bien-être”. Plus que jamais, “s’entraîner, ce n’est pas que rester en forme : la frontière entre le fitness et le mouvement du sélf-help (ou la croissance personnelle, ou auto-aide) est devenue floue”. Car, par le biais de ces activités, il est aussi de notre responsabilité d’entretenir notre santé mentale. Les vidéos que je consomme sont ponctuées d’interventions valorisant l’empathie envers mon corps, mes capacités. Le simple fait de m’engager dans l’activité de fitness est un pas dans la bonne direction, un accomplissement en soi; “rien qu’en étant ici aujourd’hui, vous avez déjà réussi”, dit Amy. Le fitness serait le remède désigné pour guérir, parmi un ensemble de choix menant au mieux-être. […] Dans une chambre blanche, pourtant toujours impure, je m’entraîne comme si j’allais sortir le mal de moi.

(p. 84)

Jeté en pâture aux autres, mon corps m’est inconnu. Je lui cherche une objectivité, mais il ne peut y en avoir, puisque la beauté réside dans le regard de celui qui regarde. Et j’oublie qu’il y a d’autres vérités du corps que la beauté ou la laideur , d’autres juges que ces étrangers.

Quatrième de couverture

Au sortir d’une rupture, la narratrice suit des programmes intensifs de fitness en ligne, dont elle décrit le décor et les règles. Plus elle les respecte, plus elle se rend compte qu’elle va mal.
Mikella Nicol croise cette autopsie du fitness avec une réflexion sur le corps féminin en butte aux diktats du regard social : si l’espace public est potentiellement dangereux pour les femmes, c’est aussi le lieu où sont exposés ces corps mis en forme. Le fitness est-il un moyen d’empouvoirement, ou un programme d’effacement personnel ?

À mi-chemin d’Une chambre à soi, de Virginia Woolf, et des enquêtes de Maggie Nelson, cette passionnante autofiction, qui convoque aussi Mona Chollet et Alison Bechdel, livre des réponses pour penser un corps à soi.