Henri Van Lier – Philosophie de la photographie
Intéressant, mais…
C’est un livre à la fois intéressant et décevant.
Intéressant par l’approche de l’auteur : partant du domaine des signes, indices et index, l’auteur développe une interprétation des photographies. Un raisonnement très intéressant et pertinent, fait à partir des phénomènes physiques de la création photographique.
La partie décevante vient tout à la fin lorsqu’il s’oppose à Roland Barthes : le « ça a été » et le « punctum/studium » ou la photo de sa mère 1. Je ne pense pas que le raisonnement de l’auteur a été suffisant pour mettre par terre Roland Barthes, et même loin de là, puisque Barthes se positionne plutôt dans le domaine de ce qui peut être réveillé chez celui qui regarde. Il est évident que les deux domaines interagissent assez fortement mais je ne pense pas que l’on puisse établir des relations déterministes entre les deux. Heureusement, puisque c’est la richesse de l’esprit humain et si ce n’était pas le cas nous serions tous des automates.
Voir aussi Vilém Flusser, “Pour une philosophie de la photographie”
Quatrième de couverture
La moindre photo, si on ose la regarder franchement, déplace toutes nos attentes. Elle mobilise les couches de notre fonctionnement cérébral les plus profondes, tout comme elle invite à des considérations anthropologiques et cosmologiques radicales. « C’est sans doute, remarque l’auteur, pourquoi depuis un siècle et demi qu’existe la photographie, les philosophes se sont curieusement tus à son égard, ayant sans doute pressenti à quel point elle ébranlait leur discours prestigieux. »
Henri Van Lier, longtemps collaborateur d’Encyclopaedia Universalis et de France Culture, a développé l’anthropologie comme une anthropogenèse ou une anthropogénie, qu’on trouve actuellement au site d’accès libre www.anthropogenie.be. La photo a joué là un rôle capital. Car, consistant en une pure rencontre d’indices et d’index, elle fut la première production humaine à signaler crûment que nos connaissances et nos choix, bien avant toute idée et tout concept, commencent et finissent par des indicialités et des indexations. Avec les limites et les ouvertures que cela comporte en tous domaines.