Gisèle Freund, “La photographie en France au XIXe siècle : Essai de sociologie et d’esthétique”
La première thèse de doctorat sur la sociologie de la photographie
Il faut retourner un peu dans le temps pour comprendre son intérêt.
Gisèle Freund est une photographe française d’origine allemande. Depuis son enfance elle s’est intéressé à la photographie. En 1933, elle fuit, seule, l’Allemagne nazi et vient s’installer à Paris. Elle s’installe dans un petit appartement, près de la Notre Dame, et aussi de la librairie Shakespeare, et gagne sa vie faisant des portraits d’écrivains et intellectuels de l’époque (Joyce, Beckett, Sartre, Cocteau, Aldous Huxley, …). En 1936 elle soutient sa thèse et Adrienne Monnier qui était une amie et avait une maison d’édition, décide de la publier.
Malgré l’âge de ce livre, il n’est pas dépassé : d’une part puisque historique et, d’autre part, puisqu’il montre le point de vue sociologique et historique qui était celui de Gisèle Freund, photographe dans les années 1930, donc entre les deux guerres, période d’effervescence artistique.
Ce livre décrit d’abord l’apparition de la photographie et la façon dont elle a été utilisée au départ, notamment par les portraitistes (tels Nadar et Disderi), et les changements de la société (le statut social de ceux qui se faisaient photographier), la discussion, non close à l’époque, sur le statut de la photographie (domaine artistique ou un métier manuel) et les premiers événements judiciaires (droits d’auteur, pornographie, …).
Il y a des nombreux livres sur le sujet, parfois plus complets, mais l’intérêt de celui-ci est justement le point de vue historique dans les années 30.
Il s’agit bien d’une thèse de doctorat, mais la lecture est facile. Un livre à lire par tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la photographie.
Quatrième de couverture
“La présente étude porte sur l’importance immense de la photographie en tant que procédé de reproduction et, en particulier, sur le rôle qu’elle a joué à ses diverses phases dans l’évolution du portrait. En étudiant un moment de l’histoire de la photographie, nous essayons de mettre en lumière l’histoire de la société bourgeoise de l’époque correspondante, afin de démontrer, par un exemple concret, les relations qui rendent l’art et la société dépendants l’un de l’autre. La photographie a pris droit de cité dans la vie courante, et c’est un de ses traits les plus caractéristiques que d’être reçue également dans toutes les couches sociales. C’est en cela que réside sa grande importance politique”.