André Comte-Sponville, « Le capitalisme est-il moral ? »
Un point de vue intéressant auquel j’adhère…
C’est le premier livre que je lis de cet auteur et j’ai été très agréablement surpris par la facilité de lecture. Il est vrai que ce contenu est le résultat de conférences adressées à des gens du monde de l’entreprise. Donc, je lance à la lecture d’autres de ses titres.
A un moment où le capitalisme est devenu la bête à abattre, surtout par des mouvements de gauche te par les écologistes, la lecture de ce livre est essentielle si on veut savoir de quoi on parle.
En fait, l’auteur passe une bonne première partie de son livre à expliquer de quoi on parle et à mettre en place une structure intellectuelle pour pouvoir répondre à la question titre du livre.
Il s’agit de définir une structure en quatre ordres, du plus bas vers le plus haut (en fait, il reprend des idées contenues dans les Pensées de Blaise Pascal) :
- ordre économique technique scientifique;
- ordre politique juridique;
- ordre moral;
- ordre éthique;
- ordre religieux (il ne fait que mentionner comme une possibilité, pour les croyants).
En fait, le capitalisme se trouve dans l’ordre « economique-technique-scientifique ». C’est un modèle qui explique comment fonctionne les échanges de biens, services et argent entre entités et comment un équilibre (bon ou mauvais) est trouvé. Ce n’est pas lié à une politique de gauche ou de droite. Le capitalisme est juste un modèle économique comme les lois de la physique.
Ceux qui critiquent le capitalisme le lient le plus souvent à, par exemple, l’exploitation des ouvriers par les employeurs. Or ce n’est pas la faute du capitalisme mais des gens. Il y a des bons et des mauvais patrons.
Si je laisse tomber une brique du 10ème étage, je risque de blesser quelqu’un. Mais je ne suis pas obligé de le faire. C’est pareil avec le capitalisme.
Dans ce contexte, le capitalisme n’est ni moral, ni immoral, il est amoral.
L’auteur parle aussi du communisme. C’est une erreur le comparer avec le capitalisme puisqu’ils n’appartiennent pas au même ordre. Comte-Sponville considère « L’erreur de Marx » (page 83), vouloir que le communisme (ordre 2) oblige l’ordre 1 (économique) se soumettre à la morale( ordre 3). Or, ce n’est pas à la politique de changer les valeurs d’une société. Il s’agit de personnes de culture.
REMARQUE :Il semble important de mentionner que l’auteur laisse clair que sa tendance politique est plutôt à gauche.
La lecture de ce livre peut être complétée par « La souffrance des riches : une addiction » de Brigitte Sarah Minel. Ce livre présente une situation personnelle de certains riches qui peuvent faire que le capitalisme devienne immoral. Il y en a d’autres…
Quatrième de couverture
Le capitalisme est-il moral ? Nul ne peut se soustraire à la question puisque aucun d’entre nous n’échappe ni à la morale ni au capitalisme.
Par son travail, son épargne et sa consommation, chacun participe à un système économique que les uns justifient et que d’autres condamnent au nom de concepts éthiques. Deux démarches intellectuelles que le philosophe André Comte-Sponville passe au crible de l’analyse lucide.
Une grille de lecture étonnamment claire, qui débouche sur un appel à la responsabilité.