Delphine Horvilleur – Le rabbin et le psychanaliste

Ce qu’il y a de commun entre les deux…

Il s’agit de la transcription d’une courte confĂ©rence faite par Delphine Horvilleur Ă  l’Institut Hospitalier de Psychanalyse de l’HĂŽpital Sainte-Anne en mai 2019.

En quoi l’activitĂ© de rabbin ressemble Ă  celle d’un psychanalyste ? C’est le sujet de cette confĂ©rence.

Bien sĂ»r, il y a l’Ă©coute mais surtout l’interprĂ©tation. Delphine Horvilleur l’illustre avec humour : « Si vous rĂȘvez d’un Ă©lĂ©phant rose avec des lunettes de soleil, c’est que vous avez un problĂšme avec votre belle-mĂšre ». C’est l’activitĂ© du psychanalyste avec ses patients et aussi du rabbin avec les membres de sa communautĂ©.

Mais l’activitĂ© d’interprĂ©tation, par le rabbin, concerne aussi et surtout l’interprĂ©tation des textes sacrĂ©s. Delphine Horvilleur nous explique que dans le judaĂŻsme les textes sacrĂ©s sont une sorte de « oeuvre ouverte », dans le sens oĂč tout n’est pas dit. Il n’y a pas de vĂ©ritĂ© absolue. Bien sĂ»r, il y a une, disons, vĂ©ritĂ© de base immuable, mais l’interprĂ©tation de ces textes est dynamique, peut toujours aller plus loin et s’adapter, en quelque sorte, Ă  l’actualitĂ©.

De cette confĂ©rence on peut comprendre, mĂȘme s’il n’est pas dit clairement, qu’il y a plus de souplesse dans la communautĂ© des juifs progressistes, dont fait partie Delphine Horvilleur, que dans la communautĂ© orthodoxe.

Comme dans tous ces livres, l’Ă©criture de Delphine Horvilleur est trĂšs accessible, avec quelques pointes d’humour – la blague juive est toujours prĂ©sente, pour parfois prĂ©senter des choses sĂ©rieuses avec un trait d’humour.

QuatriĂšme de couverture

Le rabbin et le psychanalyste – deux professions qui pour beaucoup reprĂ©sentent une promesse de rĂ©vĂ©lation du sens. C’est par exemple la dĂ©marche trĂšs caricaturale du patient qui souhaite Ă  tout prix que son psychanalyste interprĂšte son rĂȘve et lui en rĂ©vĂšle sa signification sans ambiguĂŻtĂ©, mettant fin Ă  toute Ă©quivoque possible. Celui qui Ă©coute, qui lit, serait donc dĂ©tenteur d’une lecture « vraie », d’un sens authentique, signant la fin de la possibilitĂ© de toute autre lecture.

Delphine Horvilleur explique ici combien cette thĂ©orie de l’interprĂ©tation comme thĂ©orie du signe serait en rĂ©alitĂ© gage de la mort de l’interprĂ©tation, en l’enfermant dans une fidĂ©litĂ© stĂ©rile et sourde.