Emmanuel ThiĂ©bot – Propaganda Hitler

On pourrait s’Ă©tonner d’une apparente incohĂ©rence sur le contenu et le format « beau livre » de cet ouvrage. Mais en le lisant on comprend que ça ne pourrait pas ĂŞtre autrement.

L’auteur est historien au MĂ©morial de Caen. Ce n’est pas son premier ouvrage sur la deuxième grande guerre. La prĂ©face a Ă©tĂ© Ă©crite par Johann Chapoutot, un autre spĂ©cialiste de cette guerre.

Il s’agit de raconter Hitler, vu par la Presse, depuis les annĂ©es 20 jusqu’Ă  la fin de la guerre. Le livre est organisĂ© en cinq parties : La propagande nazie, le regard de ses « alliĂ©s », le regard des autres, l’Europe Ă  l’heure d’Hitler et les caricatures. Chaque partie est encore divisĂ©e en quelques chapitres.

Il s’agit d’images de publications de la presse officielle ou clandestine, caricatures, timbres, pamphlets, affiches, parodies de chansons, … La presse allemande, ligotĂ©e par Goebbels, ne fait que l’Ă©loge de son chef. Ses alliĂ©s le glorifient. Les autres, cela va de la caricature le ridiculisant Ă  celle d’un dictateur sanguinaire.

Difficile Ă  dire si c’est le texte qui illustre les images ou le contraire. Ceci parce que les images ne balayent pas exhaustivement ce qui est sorti, mais c’est un bon Ă©chantillon. Et j’imagine que le texte couvre, globalement, le sujet Propagande de l’image d’Hitler.

Il s’agit d’une impression de très bonne qualitĂ© pour un sujet qui mĂ©rite aussi bien la catĂ©gorie « beaux livres » comme celle d’un essai en histoire.

Finalement, je ne peux que remercier Babelio et les Éditions Armand Colin de m’avoir fait dĂ©couvrir cet ouvrage.

Citations

(p.139)

InterviewĂ© pour l’occasion, Charlie Chaplin explique pourquoi il a voulu faire ce film (Le Grand Dictateur) :
– « Lorsque je dĂ©butai au cinĂ©ma, cherchant mon « type », j’inventai après beaucoup de recherches une petite moustache que j’adoptai parce qu’elle me semblait risible. J’ai eu depuis, un imitateur.
Cette petite moustache est maintenant cĂ©lèbre. Elle est le plus bel ornement d’un comĂ©dien qui n’a mĂŞme pas l’avantage d’ĂŞtre comique.
Ma moustache (que je conserve dans une petite boĂ®te en argent, depuis le dernier jour oĂą j’ai tournĂ© avec elle) m’a donnĂ© l’idĂ©e de rĂ©aliser une production sur la curieuse histoire de ces hommes de premier plan que sont devenus les dictateurs.
Un dictateur est, en gĂ©nĂ©ral, un homme qui, parti de bas, veut se jeter dans un trou plus profond encore. Un phĂ©nomène curieux se produit alors : tout le monde le regarde… et saute dans le vide Ă  sa suite. »
Chaplin et Hitler ont le même âge, tous deux nés en avril 1889, à quelques jours près.

Quatrième de couverture

Sous quel jour les Français, les Allemands, les Américains, ont-ils vu Adolf Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale ? Lorsque la propagande s’en mêle, le Führer revêt ses 1 000 visages.

En Allemagne, dès 1933, ce dernier tire les ficelles de l’endoctrinement national ; son effigie idĂ©alisĂ©e est partout : sur les timbres-poste, dans le coffre Ă  jouet des enfants, dans les magazines de dĂ©coration les plus en vogue… La manipulation des esprits orchestrĂ©e par l’État nazi se joue dans le quotidien des Allemands.

Dans le camp allié, si certains n’ont pas compris l’ampleur de la menace qu’il représentait après son accession au pouvoir, à l’entrée en guerre en 1939, on s’active unanimement contre lui : distribution de tracts, d’affiches, de caricatures, diffusion de photos censurées par le régime nazi ou de livres à charge. Tous les moyens sont employés pour montrer la cruauté de sa doctrine, les conséquences désastreuses de sa politique et le ridicule du personnage.

L’auteur nous révèle les mécanismes complexes de cette guerre des images en décryptant et recontextualisant plus de 350 documents, souvent inédits ou oubliés des historiens, qui montrent l’imagination sans borne des propagandistes de la montée au pouvoir à la mort d’Hitler.