Daniel Lefeuvre – Pour en finir avec la repentance coloniale

Livre publiĂ© en 2006. Daniel Lefeuvre, spĂ©cialiste de l’AlgĂ©rie coloniale est professeur d’Histoire Ă  l’UniversitĂ© Paris-8 (Saint-Denis). Donc, il parle de ce qu’il connaĂ®t pour avoir suffisamment Ă©tudiĂ©.

Ce livre répond aux arguments du mouvement anticolonialiste qui « dénonce le péché capital que nous devons tous expier: notre passé colonial et une longue de crimes commises à ce titre ».

L’auteur ne cache pas les erreurs commises par la France mais surtout il dĂ©monte, chiffres et faits Ă  l’appui, une sĂ©rie d’arguments utilisĂ©s par ces mouvements anticoloniaux : exploration des colonies, racisme envers les sujets des colonies, … Des arguments des anticolonialistes (qu’il nomme des Repentistes) relèvent d’une mĂ©connaissance de l’histoire, d’utilisation de chiffres et faits sortis de leur contexte, des conclusions hâtives, des affirmations sans mentionner la source ou encore des inventions. C’est une mise au point indispensable.

A mon avis, une autre erreur des anticolonialistes est l’anachronisme : vouloir juger le passĂ© comme si tout s’Ă©tait passĂ© aujourd’hui.

Des auteurs dont les arguments reviennent souvent, et qu’il les dĂ©monte, sont Olivier le Cour Grandmaison, Gilles Manceron ou encore Kamel Kateb. Un exemple d’Ă©normitĂ© de Gilles Manceron, un historien, est dans la citation de la page 10. Incroyable de lire un historien faire ce type d’affirmation.

Citations

(p. 10)

Qui dit extermination dit pages les plus noires de l’histoire de l’Europe : et voilĂ  comment la colonisation enfanterait le nazisme. J’exagère ? Lisez donc Gilles Manceron, vice-prĂ©sident de la Ligue des droits de l’homme : « Il n’est pas illĂ©gitime de rapprocher les manifestations les plus aiguĂ©s de la violence coloniale de celle que les conquĂ©rants nazis ont dĂ©ployĂ© en Europe. [1] ». Hitler, fils spirituel de Gambetta ou de Ferry, la division Das Reich, l’hĂ©ritière des colonnes mobiles de Bugea !

[1] Gilles Manceron, Marianne et les colonies. Une introduction Ă  l’histoire coloniale de la France, La DĂ©couverte, 20Ă 3. p. 295

Quatrième de couverture

Après celle de la guerre d’AlgĂ©rie, une nouvelle gĂ©nĂ©ration d’anticolonialistes s’est levĂ©e, qui mène combat pour dĂ©noncer le pĂ©chĂ© capital que nous devons tous expier : notre passĂ© colonial, Ă  nous Français.

Battons notre coulpe, car la liste de nos crimes est longue Nous avons pressurĂ© les colonies pour nourrir notre prospĂ©ritĂ©, les laissant exsangues Ă  l’heure de leur indĂ©pendance ; nous avons fait venir les  » indigènes  » au lendemain des deux guerres mondiales pour reconstruire la France, quitte Ă  les sommer de s’en aller quand nous n’avions plus besoin d’eux ; surtout, nous avons bâti cet empire colonial dans le sang et les larmes, puisque la colonisation a Ă©tĂ© rien moins qu’une entreprise de gĂ©nocide : Jules Ferry, c’Ă©tait, dĂ©jĂ , Hitler !

ContrevĂ©ritĂ©s, billevesĂ©es, bricolage… voilĂ  en quoi consiste le rĂ©quisitoire des Repentants, que l’auteur de ce livre, spĂ©cialiste de l’AlgĂ©rie coloniale et professeur d’histoire Ă  l’universitĂ© Paris-8, a entrepris de dĂ©monter, Ă  l’aide des bons vieux outils de l’historien – les sources, les chiffres, le contexte.

Pas pour le faire le chantre de la colonisation, mais pour en finir avec la repentance, avant qu’elle transforme notre Histoire en un album bien commode Ă  feuilleter, oĂą s’affrontent les gentils et les mĂ©chants.