Astrid Chevance – En finir avec les idées fausses sur la psychiatrie et la maladie mentale

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Beaucoup sont les métiers où les idées fausses font légion. La santé mentale, psychiatrie et psychologie en est un. Ce petit livre, écrit par un collectif de 22 auteurs, cliniciens et chercheurs, répond à 70 de ces questions, regroupées sous 10 thèmes. Il s’agit surtout de psychiatrie même si parfois on trouve quelques points à cheval sur la psychologie : il y a deux psychologues parmi les 22 auteurs.

C’est un livre intéressant, très bien écrit même si parfois on se rend compte que le vocabulaire et le style n’est pas homogène partout. Chacune des idées est traitée par un ou deux auteurs.

Thèmes :

* Santé mentale et société: une mode ?
* Les troubles psychiques et la figure du “fou”: rejet et exclusion.
* Les troubles psychiques dans le langage courant: une utilisation dépréciative.
* Banalisation et invisibilisation des troubles.
* Suicide et idées suicidaires: la dangerosité du tabou.
* Expliquer et comprendre la santé mentale.
* Que sont les psys ?
* Craintes et mythes autour des médicaments psychotropes.
* Craintes et mythes autour des psychothérapies.
* Psychiatrie et contrôle social.

Malgré quelques passages autour de la psychanalyse, beaucoup de questions ou des idées fausses s’y attachent. Par contre, il s’agit de questions très polémiques. On a vu passer “Le livre noir de la psychanalyse” écrit par 16 auteurs, psychologues et psychiatres. Ou encore “Le crépuscule d’un idole” par Michel Onfray. Il y a des mouvements pour interdire les thérapies psychanalytiques de l’autisme. Mais je pense que l’on peut comprendre que ce livre évite d’aborder un thème devenu très polémique et qui n’a pas été tranché définitivement.

Le dernier thème traite d’un sujet susceptible de générer de la polémique : le traitement dans les les hôpitaux psychiatriques (les anciens asiles) – contention, électrochocs et soins sans consentement. Il me semble que ce sont des domaines, actuellement, bien balisés soit par la législation soit par l’avancement scientifique de la médecine. Bien sûr qu’il peut toujours avoir des déviances, comme dans beaucoup d’autres domaines.

Citations

(p. 74-75)

“Il.elle a deux personnalités, c’est un.e vrai.e schizo !”
…
La schizophrénie est un des troubles psychiques les plus stigmatisés, y compris par les hommes et les femmes politiques dans leurs prises de parole publiques. Une étude de l’utilisation du mot schizophrène sur les réseaux sociaux conduite en 2019 a montré que le terme est très régulièrement employé comme catachrèse en dehors de la médecine. C’est le cas par exemple dans les prises de parole politique, où il sert à dénoncer des contradictions entre des faits et des actes des gouvernants. Il vise généralement à désigner un homme politique, une institution ou les concitoyens qui seraient incapables de tenir une ligne politique et des revendications claires. Dans 59% des cas, le terme est utilisé pour souligner un double langage, une incohérence ou une ambivalence. Dans 18% des cas, c’est la notion de double personnalité qui est évoquée.

Concernant la presse, cette même étude a montré que 50% des articles de médias régionaux et 18% des articles de médias nationaux faisant référence à la schizophrénie dans leurs titres concernaient des faits divers (avec différents faits de violences, etc.) alors que l’on sait que les personnes vivant avec une schizophrénie ne commettent pas plus de crimes que les autres.

Quatrième de couverture

  • « Il a deux personnalités, c’est un vrai schizo ! »
  • « Un joint n’a jamais fait de mal à personne »
  • « Les psys, c’est pour les fous ! »
  • « Tout le monde a des idées suicidaires. »
  • « C’est normal d’être déprimé·e quand on est vieux·eille. »

La santé mentale, prochain défi sanitaire annoncé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) s’invite de plus en plus dans les médias, les réseaux sociaux, et les débats publics. Pourtant, elle reste mal connue du grand public. Tantôt, elle fait peur, suscitant de la méfiance ou de la fascination. Tantôt, elle n’est pas prise au sérieux. Prendre soin de sa santé mentale est un sujet souvent considéré comme secondaire. Quant aux troubles psychiques, ils restent tabous.

Ce livre propose de sortir des clichés en déconstruisant 70 idées reçues concernant la banalisation des souffrances psychiques, les mythes autour des psychothérapies et des « psy », la peur du contrôle social.

Écrit et dirigé par Astrid Chevance avec un collectif d’auteurs, chercheurs et/ou cliniciens, il constitue un outil précieux pour informer et sensibiliser, se défendre contre les préjugés et susciter des échanges.

Avec Thierry Baubet ; Jean-Victor Blanc ; Gaspard Bouhallier ; Jean-Del Burdairon ; Christophe Debien ; Faustine Denis ; Mickael Ehrminger ; Julien Eyike ; Charlotte Geindre ; David Gourion ; Pierre Grandgenèvre ; Claire Jaffré ; Geoffrey Marcaggi ; Célie Massini ; Nathalie Pauwels ; Noël Pommepuy ; Alexandre Ribeiro ; Sarah Smadja ; Héloïse Young ; Dafna Waintrater.