Annie Ernaux – Hotel Casanova
Je voulais lire celle qui a eu un Prix Nobel. Ce petit livre a fait l’affaire. Des petits textes extraits de « Écrire la vie ». Des petits textes publiĂ©s dans plusieurs titres de la presse.
Elle Ă©crit assez bien, sans aucun doute. Pas Ă©tonnant puisqu’elle est agrĂ©gĂ©e en lettres modernes, mĂŞme si elle n’a pas rĂ©ussi Ă finir sa thèse de doctorat. Mais c’est parfois ennuyeux et on a envie que ça finisse. Je ne suis pas qualifiĂ© pour juger la littĂ©rature mais j’estime que ça ne vaut pas quelques grands de la littĂ©rature française qui, eux, n’ont pas eu le Prix Nobel.
Une critique faite Ă son Prix Nobel est qu’elle l’a eu plus par le militantisme que par son style littĂ©raire. C’est peut-ĂŞtre vrai et ce militantisme de gauche, voir extrĂŞme-gauche, apparaĂ®t dans ses Ă©crits. Il est, d’ailleurs, le sujet d’un des textes : « LittĂ©rature et politique ».
De sa page wikipĂ©dia : le prix Nobel de littĂ©rature lui est dĂ©cernĂ© en 2022 pour « le courage et l’acuitĂ© clinique avec laquelle elle dĂ©couvre les racines, les Ă©loignements et les contraintes collectives de la mĂ©moire personnelle ».
Dans un des textes, « Retours », elle raconte la dernière visite faite Ă sa mère, chez elle, qui vivait dans une kitchenette. J’ai ressenti une visite faite plus par obligation que par un vrai amour pour sa mère. Le repas Ă©tait silencieux, et sa mère cherchait parfois des sujets banals de conversation : le temps qui va faire, …
Quelques passages assez crus :
« De temps en temps la porte s’ouvrait brutalement et se refermait prĂ©cautionneusement, on devait se tromper avec la salle de bains. Ce n’Ă©tait pas dĂ©rangeant, je dĂ©tachais provisoirement ma bouche de son sexe ».
Conclusion qui n’engage que moi, avec une pile de sujets et de livres intĂ©ressants Ă lire, il est très peu probable que je la lise Ă nouveau.
Citations
(p. 94)
La pièce Ă©tait dans le noir, les rideaux tirĂ©s. J’ai enlevĂ© mes chaussures pour m’Ă©tendre sur le dessus de lit. Quelques minutes après, Marc est entrĂ©, il s’est assis près de mes jambes et il a commencĂ© de me caresser. Sous l’effet du cannabis, il Ă©tait d’une douceur encore plus grande que d’habitude. Il m’a demandĂ©, « est-ce que tu me hais ? ». Je lui ai rĂ©pondu que non, j’avais seulement envie de les taper tous. Il a rie et nous avons entrepris d’aller au bout sans nous dĂ©shabiller. De temps en temps la porte s’ouvrait brutalement et se refermait prĂ©cautionneusement, on devait se tromper avec la salle de bains. Ce n’Ă©tait pas dĂ©rangeant, je dĂ©tachais provisoirement ma bouche de son sexe.
Quatrième de couverture
«J’ai retrouvé une lettre de P. dans un dossier de factures datant des années quatre-vingt. Une grande feuille blanche pliée en quatre, avec des taches de sperme qui avaient jauni et durci le papier, lui donnant une contexture transparente et granuleuse. Il y avait seulement écrit, en haut, à droite, Paris, 11 mai 1984, 23 heures 20, vendredi. C’est tout ce qu’il me reste de cet homme.»
Passion sensuelle, amour maternel heurté, vertiges du transfuge, écriture-révolution, hommage à Pierre Bourdieu… En douze textes, composés entre 1984 et 2006, ce recueil est une invitation à découvrir l’écriture rare d’Annie Ernaux et à s’initier, pas à pas, à ses thèmes les plus obsessionnels et fondateurs.