Red Team – Ces guerres qui nous attendent 2030-2060

Ce livre est le premier d’une sĂ©rie de trois (actuellement).

Le MinistĂšre français de l’ArmĂ©e a crĂ©Ă© un groupe de rĂ©flexion avec des scĂ©naristes et dessinateurs, soutenu par des spĂ©cialistes et chercheurs de l’UniversitĂ© Paris Sciences et Lettres pour imaginer les conflits possibles dans une pĂ©riode 2030-2060. Il semble que c’est une premiĂšre en France mais cela se faisait dĂ©jĂ  dans d’autres pays. La logique est que parfois les spĂ©cialistes de ces domaines (gĂ©opolitique, armement, dĂ©fense, politique, …) rĂ©flĂ©chissent souvent dans les sentiers battus et ne voient venir des Ă©vĂ©nements un peu hors du commun ou pas du tout prĂ©visibles Ă  long terme. Un exemple tout simple et rĂ©cent a Ă©tĂ© la dĂ©flagration simultanĂ©e des « pagers » du Hezbolah. Ainsi, les auteurs de science fiction peuvent avoir des idĂ©es intĂ©ressantes.

Le résultat de ce groupe de travail a été partagé en deux ensembles : un premier, certainement le plus intéressant, a été classifié confidentiel ou secret défense et ne sera rendu public et dans le deuxiÚme groupe une partie a été publié et fait partie de cet ouvrage.

PlutĂŽt que dĂ©crire les quatre scĂ©narios, je donne mon sentiment, global. Il s’agit d’un monde complĂštement diffĂ©rent de celui oĂč nous vivons. Les pays se divisent en deux groupes, un premier plutĂŽt civilisĂ©, dont fait partie la France, mais on parle peu de leur mode de vie. Un deuxiĂšme monde, les P-nations avec P de pirate, qui seraient plutĂŽt des nations que l’on pourrait plutĂŽt parler de sous-dĂ©veloppĂ©es, et qui me font penser au monde du film « Mad Max ».

Les pays balkaniques quittent la CommunautĂ© europĂ©enne et se regroupent entre eux. L’ONU n’est mentionnĂ©e, en passant, que deux fois, sans aucun impact dans les conflits dĂ©crits dans le livre. Au moins dans l’aspect des conflits traitĂ© dans l’ouvrage on a l’impression que les pays ne forment plus de communautĂ©s – chacun pour soi.

Les mots superlatifs fusent dans le texte : hyper-forteresse (une gĂ©nĂ©ralisation du DĂŽme de fer israĂ©lien), des missiles hyper-vĂ©loces, hyper-IA (ça ma fait sourire), hyper-drones (ou essaim de dizaines de milliers de drones), … On est en pleine science-fiction. Des conflits oĂč l’intervention humaine est nĂ©gligeable puisque tout est « hyper », hyper rapide, trop rapide pour le temps de rĂ©action humain au delĂ  du dĂ©clenchement d’une action.

On ne connaĂźtra pas les vainqueurs mais c’est normal. L’exercice consistait juste Ă  imaginer et dĂ©crire des scĂ©narios des conflits.

Est-ce rĂ©aliste ? Difficile Ă  rĂ©pondre. Le monde a eu une pĂ©riode de calme relatif aprĂšs la fin de la guerre 1940-45. Il fallait reconstruire. On est dans une pĂ©riode d’instabilitĂ© avec deux gros conflits majeurs, mais aussi de nombreux conflits mineurs sans importance, mais juste en apparence. Tout peut basculer dans un sens comme dans l’autre. J’espĂšre qu’aprĂšs mon dĂ©part.

Il y a trente ans j’ai participĂ© d’un groupe de travail prospectif sur ce qui serait la « Route automatisĂ©e » dans trente ans, c’est Ă  dire, maintenant. Des idĂ©es ont Ă©tĂ© mises en pratique et sont utiles, mais on est loin du rĂȘve de dĂ©part. Ce sont des rĂ©flexions qui restent avec un solde positif.

La lecture ? Bon, la science fiction n’est pas mon truc mais je suis sĂ»r que beaucoup se plairont Ă  la lecture de ces ouvrages.

Citations

(p. 161)

Si l’on considĂšre l’hyperforteresse comme un systĂšme automatisĂ©, une attaque conventionnelle ou hypervĂ©loce dĂ©clenche l’attention des capteurs. Ceux-ci allimentent l’hypercloud en donnĂ©es. La fusion et l’intĂ©gration des donnĂ©es de masse (big data) sont effectuĂ©s Ă  l’intĂ©rieur du cloud, traitĂ©es par une IA qui planifie la rĂ©ponse adĂ©quate aux stimuli des capteurs. L’hyper-IA actionne les effecteurs, c’est-Ă -dire les batteries antimissiles, railguns et autres contre-mesures. La boucle dĂ©cisionnelle Ă©tant nettement infĂ©rieure Ă  la seconde, l’humain est exclu de la procĂ©dure, sauf lorsque le dĂ©lai de rĂ©action le permet. Le niveau extrĂȘmement Ă©levé  de leurs algorithmes induit des rĂ©ponses parfois interprĂ©tĂ©es comme de l’intuition.

Si la fragilitĂ© de l’hypercloud rĂ©side dans la maĂźtrise des capteurs, des transmissions (notamment sans fil), mais aussi de l’intĂ©gritĂ© de l’IA, nĂ©cessairement connectĂ©e. Si les hyper-IA sont des systĂšmes informatiques les plus sĂ©curisĂ©s au monde, elles sont l’enjeu d’une cyber-guerre permanente.

OBS : vocabulaire passionnant !

QuatriĂšme de couverture

La Red Team n’est pas la nouvelle sĂ©rie Netflix. Et pourtant, sous ce nom de code, un commando a menĂ© une opĂ©ration pionniĂšre particuliĂšrement haletante.

Pour la premiĂšre fois, le ministĂšre français des ArmĂ©es et l’UniversitĂ© Paris Sciences et Lettres ont lancĂ© un projet de prospection novateur. Analystes et chercheurs ont partagĂ© librement leurs rĂ©flexions avec des auteurs et dessinateurs pour imaginer les conflits possibles Ă  l’horizon 2030-2060 : crĂ©ation d’une nouvelle nation pirate nĂ©e des changements climatiques, hacking Ă©ventuel des implants neuronaux, Ă©mergence de sphĂšres communautaires dĂ©veloppant une rĂ©alitĂ© alternative, fragmentation du rĂ©el, crises environnementales et bioterrorisme, guerres cognitives s’appuyant sur la dĂ©sinformation de masse, polarisation du monde en hyperforteresses et hyperclouds.

Un polar d’anticipation gĂ©opolitique dans lequel il n’est pas interdit de lire notre avenir proche.