Paul Éluard et Lucien Clergue – Corps Mémorable
Paul Éluard apparaît comme auteur et Lucien Clergue comme illustrateur. Je pense que ce n’est pas rendre justice à Lucien Clergue. Les deux sont des auteurs.
Ce livre fait partie des premiers travaux photographiques de Lucien. Son histoire est intéressante.
En 1953, Lucien a 19 ans. Lors d’une corrida à Arles, il se pointe devant Picasso et lui montre quelques unes de ses photographies. Assez gonflé le garçon. Picasso dit avoir beaucoup apprécié ses photos et une amitié prend place qui durera jusqu’à la mort de Picasso en 1973.
C’est un livre de poésie de Paul Eluard, illustré par les premières photos de nu de Lucien Clergue. Ces photos ont été présentées, en première main, à Pablo Picasso puis à Jean Cocteau qui, semble-t’il, se sont arrangés pour que le livre de poèmes de Paul Eluard soient illustrés par les photos de Lucien Clergue. La première édition date de 1957.
Bien entendu, les poèmes de Paul Eluard sont aussi magnifiques, mais je me suis demandé si c’étaient les photos qui illustraient les poèmes ou l’inverse…
Les photos sont sublimes et montrent une grande sensibilité du photographe et une capacité de présenter de façon plus que parfaite la sensualité féminine. On remarque aussi un grand soin avec les formes, les lignes, l’esthétique des images. Il n’avait que 23 ans à l’époque.
Un détail intéressant aussi à connaître concerne ce qui était permis de montrer à l’époque (censure) et que Lucien Clergue résume par la phrase : « où il y a de poil il n’y a pas de tête et où il y a une tête il n’y a pas de poil ». Raison expliquant pourquoi on ne voit pas le visage des modèles.
Lucien Clergue a fait beaucoup de photos de nu et de corridas, mais pas que ça comme sujets. Il est à l’origine des Rencontres internationaux de la photographie d’Arles et a contribué à créer l’École Nationale Supérieure de la photographie. Il a passé une thèse en littérature, en tant qu’autodidacte, avec une thèse où il n’y avait pas un seul mot : juste des photos.
Citations
Quatrième de couverture
Cet ouvrage a été publié une première fois en 1957 par Pierre Seghers. Cette édition a été suivie d’une nouvelle version en 1969. Depuis longtemps épuisé, ce livre-culte est enfin réédité, enrichi de nouvelles photographies inédites de Lucien Clergue.