Bill Brandt, “Ombre et LumiĂšre”

Un photographe Ă  part, parmi les meilleurs de son temps.

Bill Brandt Ă©tait un photographe anglais d’origine allemande et considĂ©rĂ© comme un des plus influents photographes britannique du XX Ă©me siĂšcle.

Il a vĂ©cu quelque temps Ă  Paris oĂč il a travaillĂ© comme assistant de Man Ray et devenu ami de Brassai. C’Ă©tait un photographe humaniste comme Brassai, Cartier-Bresson, Willy Ronis et tant d’autres de sa gĂ©nĂ©ration, et ses photos sont parmi celles des meilleurs de son Ă©poque.

Dans ses photos on remarque un grand soin pris avec les aspects esthĂ©tiques : composition, Ă©clairage, etc. Les photos prises aprĂšs la deuxiĂšme guerre sont caractĂ©risĂ©es pas un fort contraste et par l’utilisation d’objectifs grand angle.

Les photos de nu et des corps prises à cette époque ont ceci en particulier : objectif grand angle et point de vue proche du sujet, ce qui confÚre une certaine distorsion qui lui est caractéristique et qui met en valeur, selon moi, la beauté des contours du corps féminin.

QuatriĂšme de couverture

Catalogue officiel de la rĂ©trospective Bill Brandt Shadow and Light au MoMA du 5 mars au 13 aoĂ»t 2013. Un des plus grands spĂ©cialistes du nu dans l’histoire de la photographie du nu. Rien en librairie sur ce sujet : un ouvrage qui vient combler une lacune.

Bill Brandt (1904-1983) est une figure fondatrice de la tradition moderniste de la photographie : son exploration visuelle de la sociĂ©tĂ©, du paysage et de la littĂ©rature de l’Angleterre est indispensable pour comprendre l’histoire de la photographie et, sans doute, la vie en Angleterre au milieu du XX° siĂšcle. Pas aussi cĂ©lĂšbre peut-ĂȘtre que certains de ses contemporains – Henri Cartier-Bresson et Walker Evans, par exemple –, il se situe nĂ©anmoins parmi les visionnaires qui, par la richesse de leur parcours, ont montrĂ© le potentiel crĂ©atif d’une photographie fondĂ©e sur l’observation du monde environnant.

Brandt Ă©tablit sa rĂ©putation de photographe avant la Seconde Guerre mondiale en publiant deux livres qui prĂ©sentent la quintessence de ses premiĂšres Ă©tudes sur la vie britannique – The English at Home (1936) et A Night in London (1938) –, et, durant la guerre et dans les dĂ©cennies qui suivent, il approfondit ce travail documentaire social en effectuant des reportages commandĂ©s par quelques-uns des plus grands magazines illustrĂ©s de son temps. Cette voie le conduit Ă  s’intĂ©resser plus particuliĂšrement aux portraits (notamment d’écrivains britanniques) et aux paysages, souvent dans leurs relations avec les grandes figures littĂ©raires de la Grande-Bretagne. Mais son plus grand accomplissement artistique – qui l’occupe surtout entre 1945 et 1961 – est une sĂ©rie de nus tout Ă  la fois personnels et universels, sensuels et Ă©tranges, qui, collectivement, illustrent le « sentiment d’émerveillement » qui, chez lui, occupe une si grande place. Par rapport Ă  ce que font ses pairs, le travail de Brandt est imprĂ©visible par les sujets qu’il aborde, mais aussi par son style de tirage, qui Ă©volue beaucoup au cours de sa carriĂšre. Au cours d’une carriĂšre longue de prĂšs de cinquante ans, Brandt s’est constamment intĂ©ressĂ© Ă  la capacitĂ© de la photographie de faire de l’art Ă  partir d’une rĂ©alitĂ© factuelle toute simple. C’est d’ailleurs un principe central du modernisme en photographie, mais Brandt parvient, Ă  un degrĂ© que n’atteignent pas ses pairs, Ă  rĂ©soudre la tension entre rĂ©alitĂ© et imaginaire en transcendant (ou en ignorant) ces deux Ă©tiquettes. Le prĂ©sent ouvrage ne fait pas exception : il respecte le dĂ©sir du photographe d’organiser son Ɠuvre thĂ©matiquement, et non de façon alĂ©atoire en fonction de similitudes formelles. Toutefois, lĂ  oĂč il se distingue fondamentalement de ceux qui l’ont prĂ©cĂ©dĂ©, c’est dans son intention de prĂ©senter l’esthĂ©tique du photographe dans sa beautĂ© et dans sa libertĂ© dĂ©routante. Jusqu’ici, on a souvent relĂ©guĂ© au second plan la question de l’évolution spectaculaire du style de tirage de Brandt, mais, s’il est important d’apprĂ©cier la noirceur presque impĂ©nĂ©trable et les tons sourds de ses premiĂšres Ă©preuves – celles des annĂ©es 1930 –, il ne faut pas voir pour autant, dans les tirages de la fin de sa carriĂšre, des interprĂ©tations abĂątardies de son Ɠuvre par un homme vieillissant. En rĂ©alitĂ©, pour Brandt, exposer le nĂ©gatif n’a toujours Ă©tĂ© que le dĂ©but d’un processus. Bien qu’il n’ait pas systĂ©matiquement tirĂ© d’épreuves destinĂ©es Ă  la vente avant les agrandissements qu’il effectue en association avec la Marlborough Gallery Ă  New York, entre 1972 et 1976, on pourrait dire que chaque tirage de Brandt est unique, car sa main a toujours Ă©tĂ© lĂ  pour retoucher le travail, le corriger ou l’amĂ©liorer par divers moyens ; il est donc rare de trouver deux Ă©preuves retouchĂ©es de maniĂšre identique. Le travail de Brandt influencera Ă  son tour des artistes aussi diffĂ©rents qu’Ansel Adams, Robert Frank, R. B. Kitaj et David Hockney.